Plan de l'article :
L'arrivée de la voiture électrique de masse annonce une mutation importante du marché automobile et de tout ce qui gravite autour. En effet, les changements techniques liés à ce mode de propulsion semble s'apparenter à une boîte de Pandore qui viendrait juste de s'ouvrir.
Essayons donc de déceler ce qui pourrait être bouleversé par cette transformation et si l'automobile ne va finalement pas y perdre quelques plumes.
Une chose me paraît certaine, l'arrivée de la voiture électrique va familiariser le commun des mortels avec les notions électriques. kWh, ampères, voltage etc. nous serons logiquement tous un peu plus à l'aise avec ces valeurs et notions. Les cours de physique risquent donc d'être un peu plus intéressants pour une partie des élèves ! C'est d'ailleurs le cas pour ma part, j'ai désormais quelques notions de valeur sur ce que pèse et vaut 1 kWh par exemple, ce qui n'était pas du tout le cas avant.
Ils risquent d'être nombreux à quitter le navire ... En effet, les voitures à électrons mettent une barrière technique entre la mécanique et leur propriétaire. Car à moins d'être un pirate programmeur de premier rang, il n'y aura plus grand chose à tripoter ni à modifier !
En effet, finies les culasses à raboter (pour les anciens !) et les reprog turbo et injection (pour les plus jeunes) afin d'obtenir obtenir plus de puissance. Je ne parle même pas du changement d'échappement et de toutes les nombreuses choses qu'on peut bidouiller ...
Cela se prolonge bien plus loin avec les groupes communautaires liés à une mécanique très riche et variée qu'offre la voiture thermique : ses nombreux organes et pannes qui vont avec permettaient une émulsion et la création de groupes de personnes qui échangent et se passionnent de manière commune à ce sujet. Avec l'électrique, cela est réduit au plus simple apparat ... Une batterie, une électronique de puissance et un stator qui génère une force magnétique. Bref, on ne peut plus toucher à grand grand chose ni même discuter de manière étoffée sur ce qui compose les voitures électriques. On passe d'une chaîne de traction très riche et complexe à une autre bien plus réduite et simple (dont il est difficile de s'approprier le fonctionnement tellement c'est immatériel : champ électromagnétique, onduleur, volts, ampères ...).
Il y a donc de fortes chances que les jeunes de 2040 soient bien moins portés sur la bagnole qu'aujourd'hui, même si vouloir anticiper l'avenir est quelque chose de très risqué et d'aléatoire.
Avec des performances extrêmes facilement accessibles, les voitures électriques induisent une perte de repère. En effet, la moindre petite auto de gamme moyenne propose des performances qu'on ne pouvait atteindre en thermique que sur des modèles très exclusifs. La hiérarchie actuelle risque donc d'en prendre un coup, et les performances de premier ordre risquent de perdre un peu en poids sur les gammes hautes. En effet, si une 43 ou 63 AMG se démarquent bien du reste de la gamme, cela risque d'être amoindri sur les homologues électriques, faisant perdre alors beaucoup d'attrait à ces déclinaisons sportives. Il faudra donc qu'elles se distinguent d'une autre manière il me semble, cela pourrait passer par des équipements inédits.
Pour ma part j'ai désormais perdu la valeur de la performance, car avec des voitures électriques plus stupéfiantes les unes des autres, surtout chez tesla, on remet en cause ce que vaut vraiment la performance. Pour 56 990 euros chez Tesla vous avez une familiale au niveau d'une 458 Italia en terme d'accélération. Et si les constructeurs monétisaient à prix d'or cette substance immatérielle (la performance donc), c'est désormais bien plus dur de lui accoler de la valeur et surtout de lui en donner beaucoup ! Ca me rappelle un peu la première fois où je suis allé en Amérique du nord, toutes mes valeurs automobiles en avaient pris un coup, à savoir qu'on se paie là-bas une Mustang neuve au prix d'une Mégane chez nous. Difficile donc en revenant au pays de se motiver à se dépouiller pour une auto qui sera comparativement très banale. Si vous allez dans un pays où l'or ne vaut pas plus que de l'eau, vous aurez alors en revenant une perception différente de sa valeur.
Bref, le changement est si important avec la voiture électrique que la perception même de la valeur d'une auto s'en trouve chamboulée.
Avec le changement de gabarit lié à l'électrique les forme habituelles et désirées par les clients devraient muter avec le temps. L'EQS ou encore la Ioniq 5 sont des exemples d'avant-goût en la matière. Notez enfin que les jantes pleines seront la norme, et que les marques font en sorte de nous habituer dès maintenant.
Concernant les constructeurs qui vivent en grande partie grâce aux entretiens, on peut facilement deviner qu'il va falloir changer de "business model" dans les prochaines années.
Possédant désormais une voiture électrique, je peux vous assurer que le plan d'entretien des années à venir est quasi désertique ... A part purger le liquide de frein et changer le filtre d'habitacle il n'y a pas grand chose ... On peut éventuellement penser aussi à la purge du liquide de refroidissement mais là encore ça reste anecdotique. En tout cas pas de quoi rincer abondamment des concessions !
On peut donc éventuellement anticiper la disparition des concessions, ou plutôt la concentration des concessions en centres de ventes multimarques où on trouverait donc plusieurs marques vendues à un seul et même endroit (une idée que m'a soufflé mon assureur sur sa vision du futur, l'idée lui revient donc ! Je ne voudrais pas me l'approprier de manière douteuse comme font les Youtubers sur pas mal de sujets ... J'en profite donc pour caser une petite revendication !).
Mais alors comment vont pouvoir se rincer les marques ? Car même si la disparition des concessions amènent de grosses économies, il faudra quand même penser à faire juter le client tel un citron qu'on presse (le principe même de nos économies ... Vous en prendre la maximum par tous les moyens possibles ! Les LOA et LLD étant une technique parmi des milliers par exemple).
Avec l'informatisation des véhicules on peut donc penser que la rente se pourra se situer de ce côté : monétisation de "l'upgradation" de l'informatique de bord, vente des données liées à l'utilisation de votre auto (magasins que vous fréquentez etc.) ou encore la location d'autopilot à la journée comme semble préparer Tesla. En gros on risque de voir débarquer tout un tas de services dématérialisés dans votre voitures qui seraient donc monétisés.
J'enfonce un peu une porte ouverte en reprenant un sujet mainte fois abordés, mais je ne peux y échapper dans cet article ...
Les mécaniciens n'ont désormais que peu d'avenir, si ce n'est peut-être dans un monde post-apocalyptique où il faudrait être autonome avec des voitures thermiques à réparer soi-même tel Mad Max. Bon nombre de formations et équipementiers vont aussi disparaître, la voiture électrique faisant appel à d'autres métiers tout en les réduisant en nombre (bien moins d'organes moteur).
Il est tout à fait possible que la durabilité des autos s'accroisse, même si cela dépendra de la volonté des marques qui décideront ou pas de rendre les éléments artificiellement fragiles (obsolescence programmée qui n'a évidemment jamais été un mythe). Avec une mécanique qui subit moins d'usure (force électromagnétique) et un monde en décroissance forcée, il est plus que probable que nos autos aient une durée de vie plus importante qu'aujourd'hui.
C'est une chose certaine, l'électricité vaudra bien plus d'ici une dizaine d'années. Car au delà de la voiture, c'est une crise énergétique qui attend l'Homme. Cumulé à des pertes financières colossales liées à la TIPP (désormais TICPE) qui ne serait plus collectée, il n'y aucun doute sur le fait que l'Etat cherchera à récupérer tout cela du côté électrique. Associé à la crise énergétique et climatique, et donc des Etats qui cherchent à limiter la consommation énergétique de ses concitoyens, jouer sur le prix permet de réduire artificiellement la demande (et donc la consommation d'énergie. La mise en pauvreté du peuple est un levier très puissant pour limiter leur consommation d'énergie afin de la réserver aux plus aisés, qui soit dit en passant, ont de moins en moins besoin des pauvres grâce à l'automatisation des tâches par les robots). Notez aussi que le tension du marché de l'électricité avec une hausse significative de la demande devrait favoriser encore plus cette augmentation des prix, avec même d'éventuelles explosions de prix en plein hiver quand l'offre pourrait éventuellement arriver à ses limites (car si on nous promet que la voiture électrique s'intègre facilement dans la production électrique actuelle, je me permets d'en douter fortement sachant que même sans ces voitures les hivers sont parfois un peu "chauds" à gérer du côté des centrales).
Donc si la carotte actuelle vise à dire que votre plein coûtera bien moins avec une électrique qu'une thermique, ce n'est semble-t-il qu'une illusion temporaire. Et comme toujours on nous tend un piège qui finira par se refermer sur nous, tel les bonus écologiques qui se sont transformés majoritairement en malus avec le temps.
Avec une hausse significative des besoins électriques, il y a fort à parier que le réseau électrique soit à la fois recalibré tout comme les moyens de productions qui seront multipliés. La France produit 550 tWh par an et convertir les 39 millions de voitures en électriques consisterait à nécessiter inclure dedans 78 TWh, ce qui n'est pas rien ! L'estimation provient de la commission de régulation de l'énergie qui estime à 2 TWh par million de véhicules. Cela représente tout de même 14% de ce que le pays produit actuellement. Bien entendu je simplifie ici au maximum car la donnée qui importe aussi est la simultanéité. Il ne suffit pas d'avoir une offre en puissance importante, il faut aussi que la demande se répartisse dans le temps, à savoir ne pas tirer de l'électricité tous au même moment (ce qui est hélas souvent le cas).
Sachez en tout cas que les ménages français tirent en moyenne 12.5 kWh par jour, et qu'une auto a besoin en moyenne de 20 kWh pour 100 km. La demande en électricité sera donc forcément palpable et bien visible depuis les fournisseurs d'énergie. Il suffit donc de faire une cinquantaine de kilomètres par jour pour doubler sa facture et donc aussi le besoin en énergie.
A lire : pourquoi l'éolien ne permet pas de produire une énergie propre
Avec une technologie qui induit (pour le moment) moins de frais à l'utilisation (entretien et carburant), il est tout à fait possible que les automobilistes aient un kilométrage moyen un peu plus élevé dans les temps à venir. On notera quand même que le fait que l'autonomie soit un peu plus limitée et la recharge assez lente compense un peu, mais ces deux facteurs ne deviennent contraignant que quand on commence vraiment à rouler beaucoup.
Le métier consistant à fabriquer des voitures change tellement avec la voiture électrique qu'on pourra voir apparaître de nouvelles marques, comme c'est le cas avec Tesla et autres Sony et Apple qui cherchent à faire leur trou dans le domaine (n'omettons pas Aiways qui débarque en France tout comme la résurrection électrifiée de MG). A l'inverse, les constructeurs historiques risquent de disparaître car ils sont moins à l'aise et moins capables de produire des unités de propulsion qui ont été numérisées : moteurs électriques pilotés par des calculateurs pointus. De plus, ils doivent se coltiner un outil industriel dépassé et obsolète qui leur reste sur les bras et qui coûte justement un bras ... Le bouleversement risque d'en choquer plus d'un, car voir disparaître des marques qui auraient plus de 100 ans serait assez spectaculaire il faut l'avouer.
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