Plan de l'article :
C'est un phénomène que je constate depuis un certain moment et qui semble prendre de l'ampleur ces derniers temps. En effet, en cette période de défiance des médias mainstreams, la mode consiste un peu à être contre la bien-pensance et les recommandations d'Etat de manière un peu systématique. L'électrique faisant partie des produits qui sont poussés par les autorités, il semble que ce type de véhicule soit devenu la cible des journalistes et influeuceurs. Voyons pourquoi et si leurs arguments sont valables, car ils se rejoignent tous en terme de construction d'idées.
Mais avant de traiter le sujet je dois informer les lecteurs de ma vision des choses, et ce afin qu'ils puissent interpréter au mieux mon développement (ou plutôt savoir de qui émergent les réflexions à venir). Je suis un profil très classique a toujours été attiré par les mécaniques expressives et "dominantes", à savoir les voitures rapides et relativement démonstratives, jusqu'à avoir la chance de posséder une Ferrari Modena sur une durée de 6 ans (il faut de la motivation pour acquérir ce genre de "contrainte").
J'ai été comme beaucoup (je le répète mon profil est banal) anti-voiture électrique, avec un sentiment de désintérêt et de mépris vis à vis des modèles et marques qui s'engageaient dans cette voie. Mon métier m'a toutefois imposé d'essayer ce genre de véhicule fade qui ne rassure pas quant à l'autonomie et la rapidité de ravitaillement (bref, ça cumule tous les défauts ce truc là !).
Cependant, l'utilisation grandeur nature a complètement bouleversé mes a priori, à tel point que je suis devenu propriétaire d'une voiture électrique comme véhicule principal.
Je ne suis cependant pas devenu pro-électrique, j'ai juste gagné en objectivité et neutralité vis à vis du sujet en sortant de mes biais.
Avant de lister leurs arguments, je tiens à souligner l'extrême mauvaise fois et la caricature qui est souvent faite concernant ces derniers dans certains reportages.
Il est dénoncé que le coût à l'utilisation aux superchargeurs atteint désormais les tarifs du thermique. Certes ...
La mauvaise fois et l'idiotie sont ici prédominantes, car cela revient à dire que la voiture avec laquelle on paie toujours plein tarif (thermique) est meilleure que celle où on va payer plein tarif une toute petite partie du temps (celle où on effectue de grands voyages). C'est aussi omettre les frais d'entretien du thermique qui font bondir le coût à l'usage (qui ne sont jamais intégrés dans les comparatifs ...).
En effet, les vidanges, les filtres, embrayages, les courroies, les sondes, les bougies, les petits pépins (EGR, injecteur, damper etc.), la main d'oeuvre liée à ces opérations etc. ajoutent au coût d'utilisation des sommes astronomiques qui sont toujours omises dans la comparaison.
Bref, on nous dit ici qu'il vaut mieux avoir une auto qui réclame systématiquement entre 12 et 15 euros de carburant sur 100 km + les entretiens et pannes nombreuses plutôt qu'une auto qui permet 3/4 euros de coût pour 100km sans entretien et rarement 10 à 14 euros sur 100 km (voyages qui restent rares).
Il suffit d'avoir un peu de jugeote pour comprendre ici qu'on nous baratine un argumentaire qui n'a aucun sens logique.
Bien entendu, le coût d'acquisition vient ici troubler les cartes ... Mais au global, et après 5 ans d'utilisation, les économie réalisées sur l'électrique (entretien, consommation) viennent compenser le surcoût à l'achat.
Les mêmes qui dénoncent les faibles autonomies indiquent qu'il n'y a des bornes de recharge QUE toutes les deux stations sur autoroute, soit tous les 80 km (je prends ici comme exemple l'extrait d'un reportage de CAPITAL que je viens de visionner). On atteint ici un niveau de cognition digne d'un papillon de nuit en plein cagnard, car les chiffres exposés ici sont plutôt des arguments en faveur plutôt qu'en défaveur ...
En effet, stipuler qu'il y a des bornes tous les 80 km indique clairement que l'électrique n'a plus à avoir peur de partir loin ! Il y a de quoi se recharger tous les quarts de "réservoir" (batterie), de quoi être à l'aise.
Le reportage ajoute, en utilisant des mises en scène qui accentuent le trait (journaliste qui tourne en rond autour de l'auto avec un air impatient), qu'il faut attendre longtemps pour recharger. Dans le reportage on a affaire à une e-208 (la pire voiture électrique pour les longs trajets, à croire qu'ils mettent toutes les chances de leur côté pour dénigrer l'électrique) et il est indiqué que l'attente a été de trente minutes. Si ça peut paraître long comparé à un plein d'essence, la réalité est que dans les deux cas on reste environ une trentaine de minutes dans une station quand on s'arrête. Qui repart immédiatement après avoir rempli son réservoir ? (bon j'avoue le faire quand j'ai 1200 km à faire dans la journée pour aller au salon de Francfort, donc rarement).
Car si il est vrai que recharger sa batterie est plus lent, dans la réalité d'un long trajet ça ne change pas vraiment les choses, on s'arrête généralement 20 à 30 minutes lors des pauses.
Encore une fois, on cherche à caricaturer et exagérer cette variable qui est certes réelle mais en réalité très mineure en terme d'inconfort (c'est bien évidemment du vécu).
La voiture électrique est annoncée (cette fois on passe chez Bercoff) à 70 000 km pour égaler le bilan carbone d'une voiture thermique. En effet, la voiture électrique est plus polluante à fabriquer et cela n'est compensé qu'au bout de 70 000 km (moyenne très grossière évidemment, entre une Ion de 15 kWh et une Model S de 100 kWh c'est le jour et la nuit) selon l'ADEM.
Cela prouve donc que l'utilisation de l'électrique est plus vertueuse car dans le cas inverse le bilan carbone ne serait jamais rattrapé. 70 000 km étant environ le tiers de ce qu'une voiture va rouler en moyenne dans sa vie (on pourrait même dire le quart si on estime qu'une électrique peut rouler facilement jusqu'à près de 300 000 km avec sa mécanique simple et durable), on peut dire que c'est très positif ! Et ca montre que le bilan global sera meilleur avec l'électrique que le thermique.
Bien entendu c'est encore un argument très complexe car il évolue et varie selon la voiture traitée mais aussi le mix énergétique employé (certains estiment que même avec des centrales au charbon le bilan resterait positif, car ces fameuses centrales atteignent des rendements excellents sur les dernières générations (qui sont certes très rares à être aussi modernes).
Et donc pour être plus juste et objectif, on reconnaîtra que les deux technologies sont à peu près équivalentes. Et donc accuser l'électrique est vraiment mal venu car en réalité elle est même un peu meilleure dans sa globalité (mesure du CO2 sur toute la vie de l'auto, de la fabrication à sa mort). Et donc accuser l'électrique d'être plus polluante est en partie malhonnête (surtout que comparé à une thermique la voiture électrique peut s'alimenter par bien plus de sources énergétiques, dont certaines vertueuses : pétrole, charbon, nucléaire, solaire, éolien, hydraulique etc.).
Concernant le recyclage, il faut avant tout savoir qu'une batterie servira grosso modo une bonne trentaine d'années avant de nécessiter le moindre recyclage. Elle aura donc offert de très nombreux services (notamment dans des centrales électriques une fois avoir été extraite de votre auto) avant de rendre définitivement l'âme. On a donc affaire à quelque chose de coûteux en énergie à fabriquer mais cela est compensé par une durée d'utilisation XXL.
Quant au recyclage il n'y a rien de particulier ici, comme toujours il faut chauffer et tout faire fondre pour séparer les matières et les récupérer. C'est donc très énergivore, mais comme tout le temps s'agissant de recyclage ...
Une voiture électrique serait censée consommer autant qu'un habitant. Et donc avoir 15 millions de voitures électriques reviendrait à avoir 15 millions d'habitants en plus du point de vue énergétique.
Certes, et alors ? Le souci semble ici largement compensé par le fait que ces voitures électriques ne vont pas consommer de pétrole. Car ce pétrole peut alors servir à générer de l'électricité pour recharger les voitures, et le manque d'énergie est alors plus difficile à justifier ... Il est plus crédible de parler de manque au niveau calibrage du réseau, qui aurait potentiellement besoin d'être un peu plus costaud pour ajouter cette charge. La charge lente dans les habitations et le faible kilométrage moyen des Français semblent toutefois modérer cette crainte.
Non, les anti-électriques passent leur temps à faire les fonds de tiroir concernant les arguments, et tout le monde sait que dans les fonds de tiroir on ne trouve jamais plus de quelques centimes ...
A lire : y aurait-il assez d'électricité pour toutes les voitures électriques de France ?
Le but ici est de vendre du papier dans les proportions les plus importantes possibles. Et c'est bien connu, il faut draguer le lecteur en le caressant dans le sens du poil si on veut le convaincre de lire et d'écouter le documentaire. A une époque où la majorité des gens sont anti-électrique c'est une aubaine dans laquelle beaucoup de journalistes et écrivains s'engouffrent pour faire de l'argent, même si il ne faut pas nier la sincérité de certains.
On a donc affaire à des "études" orientées et caricaturées dans lesquelles la vérité côtoie l'absurdité, ce qui a tendance à brouiller les choses et faire émerger des contre-vérités.
Alors oui, l'électrique est loin d'être parfait et idéal (la voiture moderne est de toute manière peu optimale pour l'environnement, quelque soit sa "carburation"), mais je peux vous garantir qu'il est très loin de toutes les inepties qu'on peut entendre à son sujet. Soyez donc particulièrement attentifs et critiques quand vous croisez ce genre de reportage ou livre, car ils utilisent l'attachement instinctif qu'ont les gens vis à vis du thermique pour vous draguer.
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