Plan de l'article :
Je me rappelle encore aller à l'école à pieds en région parisienne dans les années 90, avec comme seule chose à observer (ou presque) les voitures qui circulaient sur la route qui longeait le trottoir. Je me rappelle clairement de cette sensation de gène que j'avais en voyant les émanations sortir de certaines voitures (et même presque toutes, car les diesels à injection indirectes de l'époque étaient généreux en brouillard dès qu'on mettait en charge le moteur). Cette émotion était similaire à celle que l'on ressent en voyant quelqu'un déverser des produits chimiques dans une rivière. Pourtant je n'avais aucun proche pour me sensibiliser, ni même de parents "éco-friendly" ... Ainsi, si je suis les sentiments innés de mon être (qui doivent être communs à tous les autres, car les êtres humains nous ne sommes que des copies à peine différentes), l'utilisation de voitures thermiques doit donc naturellement provoquer la culpabilité.
Cependant, notre objectif ici est d'explorer si cette culpabilité est renforcée par l'émergence de la voiture électrique. Pour ce faire, nous allons examiner les aspects techniques et environnementaux des deux types de propulsion.
Un des éléments cruciaux à considérer est le rendement, c'est-à-dire l'efficacité avec laquelle les machines convertissent l'énergie qu'elles ont à disposition en mouvement. Les voitures électriques surpassent largement les voitures thermiques à ce jeu là. Les moteurs électriques convertissent environ 80% de l'énergie électrique en mouvement (pour affiner le sujet dirigez-vous ici), tandis que les moteurs à combustion interne des voitures thermiques ont un rendement bien inférieur, soit à peu près 20%. Pire encore, ce rendement tend à diminuer avec le temps en raison de l'usure du moteur, des dysfonctionnements courants, de l'encrassement, et d'une mauvaise utilisation.
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Cela signifie que pour chaque 100 kWh d'énergie brute, un véhicule thermique n'utilise que 20 kWh pour la propulsion, tandis que 80 kWh sont perdus sous forme de chaleur dissipée dans l'air. Il faut vraiment prendre conscience de la quantité de combustible nécessaire pour alimenter une voiture thermique. Brûler une cinquantaine de litres de carburant pour parcourir seulement 700 km est une réalité souvent négligée. Allez brûler 50 litres de carburant dans votre jardin (c'est interdit toutefois ...), vous verrez à quel point vous avez émis une quantité astronomique de polluants dans l'air.
En revanche, une voiture électrique délègue la transformation de l'énergie à une centrale électrique, qui possède un rendement global nettement supérieur, allant de 30 à 50% sur les thermiques (on va se contenter de centrales thermiques pour être le plus impartial possible), et même jusqu'à 90% pour les centrales en cogénération. En confiant cette conversion d'énergie à des usines ultra sophistiquées et surveillées, plutôt qu'à des millions de petites unités individuelles souvent mal entretenues, le bilan global s'en trouve logiquement amélioré. C'est imparable même si l'électrique subit quelques pertes supplémentaires sur le réseau de distribution et lors de la recharge (voir les articles en lien du dessus).
Lorsque l'on évalue l'impact environnemental des deux types de véhicules, il est également crucial de tenir compte de l'ensemble de leur cycle de vie. La production des batteries pour les voitures électriques, bien que nécessitant des ressources et de l'énergie, dispose d'un bilan plus avantageux à partir de quelques dizaines de milliers de kilomètres parcourus (pas grand chose dans la vie d'un véhicule, à savoir entre 20 000 et 70 000 km selon le type d'auto, plus ou moins dotée en kWh). Côté thermique les choses se dégradent à vitesse grand V, et il faut aujourd'hui un baril pour n'en extraire qu'une trentaine (au début du siècle dernier c'était plutôt 100 baril obtenus pour un baril dépensé). On tend donc vers une annihilation du rendement, avec dans l'avenir un baril pour en extraire un (ce qui marquera la fin l'extraction du pétrole dans les sous-sols).
Alors, faut-il culpabiliser de rouler avec une voiture thermique à l'ère de la voiture électrique ? Avant de répondre de manière abrupte il faut rappeler qu'il y a des nuances à prendre en compte. Si vous utilisez déjà une voiture thermique, changer pour une électrique sera encore plus néfaste pour l'environnement ... La voiture la plus vertueuse est celle qu'on use jusqu'à la corde, même si elle se met à consommer plus qu'à ses débuts (dans une certaine proportion bien évidemment).
En revanche, ceux qui envisagent l'achat d'un nouveau véhicule, sans contrainte budgétaire particulière (et en gros qui a les moyens de l'électrique), devraient sérieusement se poser des questions. L'émergence de la voiture électrique offre une alternative plus efficiente et moins dommageable pour l'environnement (pas que local !). En optant pour une voiture électrique, vous contribuez à réduire votre empreinte carbone et à promouvoir une technologie plus favorable, il n'y a plus débat (et pourtant je faisais partie du camps d'en face, ceux qui se laissaient parfois aller à la mauvaise fois pour rejeter cette nouvelle technologie froide et peu attirante au premier abord).
En fin de compte, la transition vers des véhicules électriques est un pas dans la bonne direction pour réduire notre impact sur l'environnement, bien que la voiture électrique moderne du monde occidental reste potentiellement une machine aberrante (pas évident de trancher débat, qui en est un autre). Cependant, et je le répète, la culpabilité ne doit pas nécessairement peser sur ceux qui continuent d'utiliser des voitures thermiques déjà en circulation. Le changement se produit progressivement, et l'important est de faire des choix éclairés en fonction de votre situation individuelle et des possibilités qu'elle vous offre. Enfin je rappellerai que, contrairement à ce que l'on veut nous inculquer à note époque, culpabiliser est loin d'être un mal ! Au contraire, il indique que vous n'êtes pas centré sur vous-même, ce qui est à la base de tous les problèmes du monde.
Je vous invite vous aussi à développer cette idée et à ajouter des éléments, qu'ils aillent ou pas dans le sens de cet article.
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