La noblesse mécanique ne passe-t-elle aujourd'hui que par le diesel ?
Plan de l'article :
Ah le fameux diesel ... haï par certains et adulé par d'autres, il n'a jamais autant divisé depuis que la propagande officielle a décidé de le mettre au pilori. Tricherie au NOx d'un côté et villes enfumées par les moins bien entretenus d'entre eux et leur surnombre, le diesel s'ajoute aussi une image plutôt utilitaire et agricole. Bref, les anti-diesels ont quelques arguments à se mettre sous la dent bien qu'ils soient finalement assez fragiles et d'une consistance plutôt maigre (ou plutôt les arguments sont largement caricaturés et extrapolés).
Un diesel peut-il être noble ?
Allez, commençons par l'aspect psychologique de la chose, un diesel peut-il être considéré comme noble ?
Plusieurs arguments vont dans ce sens, avec par exemple l'emploi de V10 TDI en compétition par Audi qui a gagné de grands titres avec. Ce moteur a même été élu moteur de course de l'année en 2010. Le diesel est aussi présent sur des autos assez prestigieuses dont le tarif approche les 100 000 euros. Son image n'est donc pas si "agricole" que cela.
Au niveau des différences avec un moteur essence, cela se limite principalement à la disparition du papillon (certes il existe malgré tout pour faire fonctionner l'EGR) et de l'absence d'allumage commandé. Reste ensuite une course des cylindres plus longue dans le mazout afin d'obtenir un taux de compression accru (et permettre l'auto-inflammation par pression).
Niveau sonorité on peut dire que l'écart entre essence et diesel est désormais très ténu, l'adoption de rampe commune et l'amélioration de l'insonorisation ayant aidé à rendre les deux carburations discrètes. L'écart s'est même encore plus réduit avec des moteurs essence qui peuvent parfois être assez bruyants (3 cylindres).
Bref, il me semble que d'un point de vue logique, vouloir réduire le diesel au statut de moteur utilitaire n'est pas si évident et ne coule forcément pas de source. Avouons quand même que ma conclusion n'aurait pas été la même sur la période pré-90, là où les diesels étaient rugueux, peu puissants et très puants (émanations de suies assez importantes même avec un moteur propre et en forme). L'adoption de la suralimentation, de la rampe commune et de l'injection directe les a littéralement métamorphosé vers quelque chose de plus raffiné et subtil.
De plus, la noblesse peut être considérée comme le fait d'avoir plus de moyens que ce que l'on a besoin, en gros c'est en avoir plus que nécessaire (le principe même du luxe). Et ce concept marche aussi bien avec de l'essence que du diesel. Et donc je considère un V6 diesel comme étant plus noble qu'un L4 essence par exemple.
Agrément à la hauteur ?
Avec des malus écologiques qui se focalisent (à juste titre) sur le CO2, les mécaniques généreuses en essence sont devenues quasi impossibles à vendre. Pour sauver les meubles les constructeurs se retrouvent à devoir proposer des 4 cylindres qui développent la puissance des anciens 5 et 6 cylindres. Le résultat est un agrément très limité qui ne reflète pas vraiment le tarif de l'auto. Accélération linéaire, peu de souplesse et sonorité qui déprimerait un optimiste de nature ... L'essence moderne est terriblement ennuyeux, même sur des autos situées assez haut en gamme.
Pour ma part, et ayant goûté à un peu tout, je peux vous garantir que bon nombre de diesels écrasent et enterrent littéralement l'essence. Même mieux, je trouve plus agréable de mener un 6 cylindres diesel qu'un équivalent (en puissance) en essence ! En effet, le couple bien plus important du mazout confère une sensation de puissance que l'essence ne peut vous faire ressentir ...
Et donc même en revenant à une époque où on pouvait avoir du 6 cylindres sur essence et diesel, la question n'était déjà pas évidente à trancher.
Aujourd'hui, les gammes sont désormais établies, du 6 cylindres sur les diesels et du 4 cylindres pour les essences sur les véhicules premiums à moteur longitudinal (sur du transversal on est plutôt sur du L3 en essence et L4 en diesel). La question ne se pose donc même plus, il est d'une évidence aussi claire que mon nez au milieu du visage : le diesel est bien meilleur à tous les niveaux sur les gammes actuelles, même celui de la sonorité dans certains cas ... Si vous saviez comme peut chanter une 330d, vous seriez étonnés (je vais vous dire, même un TDS BMW des années 90 en boîte auto a de quoi vous stupéfier).
Ce n'est donc pas pour rien que la gamme S de chez Audi est passée au diesel, avec l'emploi du bon vieux 3.0 TDI sur les S4 et S6. Et d'une manière un peu plus datée, on relèvera les SQ5 ou encore M50d de BMW.
Mais sans aller jusqu'à ces versions très onéreuses, on pourra voir qu'il est désormais plus intéressant d'opter pour du diesel si vous avez une sensibilité mécanique et des prétentions un minimum exigeantes. Entre une 330i et une 330d il n'y a pas photo. Entre une A4 2.0 TFSI et une 3.0 TDI c'est la même chose ... Même mieux, entre une simple Golf 2.0 TDI et un 1.5 TSI mon coeur n'hésite pas une seconde, le TDI est tellement plus consistant au niveau du ressenti ! Même le bruit est meilleur, car si il est un peu supérieur à celui du 1.5 TSI, il a quand même plus de charisme.
Pour ainsi dire, les moteurs essence sont devenus pour la majorité des mécanique peu affriolantes, dénuées de caractère, de couple en bas (bien que ça soit mieux qu'avant tout de même) et imposant des consommations gigantesques dès qu'on les sollicite.
Alors on en conclut quoi ?
Quelque soit le niveau de gamme, les motorisations diesels actuelles (ce qualificatif est important) offrent en moyenne un agrément supérieur grâce à leur architecture 4 cylindres au minimum contre 3 pour les essences (ce qui les a rendu pour certains aussi bruyants que des diesels à l'accélération). Cela est toutefois minoré sur certaines autos dont les transmissions ont été outrageusement allongées pour réduire encore plus les émissions de CO2. Car même si les diesels n'ont pas besoin d'aller jusque là pour être raisonnables, les marques font quand même en sorte d'aller le plus bas possible afin d'avoir une moyenne d'émissions sur la gamme réduite (car les pénalités infligées par les Etats se basent sur les émissions moyennes de tous les modèles proposés par une même marque, d'où la volonté de ces dernières de proposer des voitures électriques pour compenser et éviter l'amende ...).
Si on prend en compte les gammes assez basses (à savoir de la compacte transversale), on constatera que même ici les diesels constituent une offre plus noble (bien que le terme ici soit un peu limite). Par exemple, en bas des gammes on a des diesel 4 cylindres contre des essences en 3 cylindres qui ont souvent une cylindrée encore plus réduite. Niveau agrément et confort d'utilisation ça reste supérieur sur les diesels (avec comme cerise sur le gâteau une conso nettement plus maîtrisée).
Concernant les gammes supérieures, celles dont on peut légitimement parler de noblesse, alors là il n'y a pas photo. Les seuls moteurs 6 cylindres encore accessibles sans passer par la case méga malus ni même les gammes très exclusives à plus de 80K sont les diesels : Mercedes 350d, BMW 30d et Audi 45 TDI. Si votre voeux est donc d'acheter une voiture thermique neuve avec un minimum de noblesse il n'y a que par ici. Et j'en conclus donc qu'en 2021/2022 la noblesse mécanique ne peut passer que par le diesel (sauf budget supérieur à 100 000 euros qui peut vous mener à des 6 cylindres essence sur-boostés évidemment, mais comme ça ne concerne plus du tout le peuple on s'en fiche un peu).
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