La démocratisation des voitures performantes conséquences

Dernière modification : 07/03/20252

Il était une époque où la performance automobile était un Graal, une possibilité  réservée aux passionnés et aux fortunés. Avoir une voiture rapide, c’était presque un titre de noblesse. Une BMW M3, une C63 ou une Porsche 911, c’était l’assurance d’appartenir à un club fermé, où chaque accélération était une expérience rare et exclusive.

Pourquoi ? Parce qu’extraire de hautes performances d’un moteur thermique relevait presque de l’orfèvrerie. Concevoir un bloc capable de sortir plusieurs centaines de chevaux tout en restant fiable demandait un savoir-faire pointu, des années de mise au point, des matériaux coûteux et une architecture bien spécifique. Sans parler des systèmes annexes indispensables : boîtes de vitesses sophistiquées, refroidissement renforcé, trains roulants adaptés… Tout cela avait un prix (conception et fabrication), et seuls quelques modèles triés sur le volet pouvaient prétendre à des performances dignes des supercars.

Mais aujourd’hui, tout cela semble avoir perdu de sa superbe. Comme si une météorite en or massif s’était écrasée sur Terre, inondant le marché d’une abondance de performances autrefois inaccessibles. La performance n’est plus rare, elle coule à flot. Elle est partout, offerte sur un plateau par la révolution électrique.

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Un simple Model 3 Performance vous catapulte à des vitesses autrefois réservées aux supercars, et ce, dans un silence clinique. La Xiaomi SU7 Ultra, avec ses airs de berline banale (bien que plus ostentatoire qu'une SU7 classique avouons-le), ridiculise la plupart des hypercars thermiques les plus rares et exclusives de la planète, tout comme la Tesla Model S Plaid. On pourra aussi citer les Lucid Ari Sapphire, BYD Han ...

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Alors, que reste-t-il aux icônes d’hier ? Pas grand-chose, si ce n’est une esthétique parfois un peu trop voyante. Une M4 bardée d’aérodynamique semble presque caricaturale à côté d’une Tesla Model S Plaid qui la pulvérise sans même un rugissement. Une C63 AMG V8, autrefois symbole de brutalité mécanique et de performances rares, devient un simple produit parmi tant d’autres, rattrapé (voire dépassé) par des électriques au look de voiture de tous les jours.

Ironie du sort, ce qui était autrefois un symbole de distinction est en train petit à petit de devenir du tuning de kéké. Ce look tapageur pour des performances moindres que des sleepers électriques commencent à les rendre un peu pathétiques, de la même manière qu'une Civic tunné qui hurle et qui arbore des ailerons et diverses lames et ce pour des performances quelconques.

La performance est devenue banale et n'autorise plus vraiment à barioler les voitures d'appendices tous plus ostentatoires les uns que les autres, tout comme les sonorités moteur exagérées. Faire plus de bruit et se faire autant remarquer pour des prestations inférieures commence un peu à faire tâche, comme avec l'exemple de la civic ...

Conséquences ?

Plus que jamais, il devient difficile pour les marques de justifier les prix exorbitants de leurs thermiques hautes performances, d'autant plus que ces dernières ont largement perdu des plumes en termes de noblesse et d'agrément moteur, et pour ça la dernière C63 (qui devrait s'appeler C20 ...) illustre parfaitement le propos. C'est sans doute certainement pour cela que Mercedes a récemment annoncé vouloir faire perdurer ses V8 et V12, car sans ces derniers elle n'as plus rien à faire valoir à ses clients qui cherchent des voitures plaisir à plus de 100 000 euros. Cette décision semble d'ailleurs liée à la douche froide que se prend la C63 de 680 ch mais de seulement 4 cylindres (elle distille donc un agrément qui est à la fois inférieur à un V8 tout en l'étant aussi par rapport à un 100% électrique, on a ni le rugissement du V8, ni le calme de l'électrique, mais un 4 cylindres un peu bizarre qui essaie de chanter comme il el peut avec les enceintes de l'auto.

La dernière conséquence est que cette abondance de puissance et de performance la rend banal, et que tout ce qui est banal et abondant n'est plus forcément recherché ni désiré. Résultat, les voitures les plus sensationnelles (thermiques), risquent donc de gagner en popularité, et ce même si elles ont des performances assez communes. Les anciennes C63 V8 atmo (avec le vrai 6.2) ou 911 flat6 atmo (pour ne citer que ces deux exemples parmi des milliers), risquent de profiter d'une cote en hausse.

Il y a finalement encore une dernière ... En ayant atteint la limite indépassable des 2 secondes pour le 0 à 100 km/h, la course à la vitesse et à l'accélération est censée se terminer de manière définitive. Alors certes, Musk prévot de le dépasser grâce à des propulseurs de module spatial sur la future Roadster, mais ça ne sera que la toute dernière marche à franchir. Après près d'un sicèle d'évolution progressive et lente, l'Homme est arrivé au bout, et on se demande comment les marques de prestige arriveront à captiver et crédibiliser leurs produits ...

A lire : Ferrari va-t-elle être tuée par l'électrique ?


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