Plan de l'article :
L'industrie automobile est aujourd'hui confrontée à un paradoxe majeur depuis une quinzaine d'années : les malus écologiques, conçus pour encourager la réduction des émissions de CO2, reposent sur des principes qui semblent à première vue logiques. Pourtant, une analyse plus approfondie révèle des incohérences flagrantes. Ces malus, basés sur les émissions de CO2 – directement liées à la consommation de carburant –, ne reflètent pas toujours la réalité du rendement des moteurs.
Dans le monde de l'automobile et de la mécanique, il est reconnu que la taille du moteur ne détermine pas nécessairement sa consommation. Des moteurs plus grands peuvent parfois consommer autant, sinon moins, que des moteurs plus petits bénéficiant de bonus écologiques. Cette situation paradoxale s'explique par le fait que la consommation d'essence dépend avant tout de la puissance demandée par le conducteur, indépendamment de la taille du moteur.
Un moteur de 250 ch et un moteur de 100 ch, sollicités pour fournir 100 ch de puissance, consommeront approximativement la même quantité de carburant. Cela s'explique par le rapport de conversion énergie/carburant similaire entre les deux moteurs pour produire la même puissance. Les moteurs sont essentiellement des convertisseurs d'énergie, transformant l'énergie du carburant en énergie mécanique.
Pire, certains petits moteurs ayant une courbe de couple peu favorable nécessitent de les cravacher dans les tours, menant alors à des consommations gargantuesque. A contrario, les plus gros moteurs (équivalents en terme de conception, sinon la comparaison n'a plus de valeur logique) ont plus de couple dès les bas régime, ce qui permet de réduire le régime moyen de fonctionnement (moins le régime est élevé moins il y a d'injections de carburant sur une même durée).
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Ironiquement, les moteurs moins puissants peuvent se révéler plus gourmands en carburant. Les conducteurs doivent souvent solliciter davantage ces moteurs pour atteindre une puissance acceptable, ce qui entraîne des régimes plus élevés et un rendement moins efficace. Ainsi, un moteur de 2.0 litres et 200 ch peut avoir une consommation similaire à un moteur de 1.2 litre et 130 ch dans des conditions de conduite identiques. Le couple plus important à bas régime des gros moteurs peut même permettre d'économiser du carburant. Je vois personnellement passer des milliers d'avis devant mes yeux et je constate à quel point les chiffres consommations sont concentrés dans un petit éventail de valeurs alors que les différences de cylindrée et de puissance sont parfois colossales.
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Notez aussi que les petits moteurs induisent une conception plus complexe et une majoration des contraintes mécaniques (100 ch sur 1.2 litres est plus contraignant que sur 2.0 litres) qui réduisent leur endurance dans le temps. On a donc des moteurs moins durables qui finissent plsu vite au rebus, loin de la vision écologique qui découle normalement des bonus et malus écologiques ...
Les cycles d'homologation, tels que le WLTP, ne capturent pas toujours ces nuances. Ils tendent à favoriser bêtement les petits moteurs, alors que dans certaines conditions réelles, les moteurs plus grands peuvent être plus économiques (je sais c'est sur à croire). Cette discordance entre les résultats d'homologation et la réalité sur route soulève des questions sur l'efficacité des politiques actuelles de malus écologiques.
Il est important de nuancer : les moteurs avec une cylindrée très élevée ou une puissance excessive consommeront inévitablement significativement plus, même en conduite modérée. Il y a évidemment des limites à la logique de l'article, tout est relatif encore une fois. Le nombre de cylindres joue un rôle clé dans la consommation, d'où la tendance récente à réduire le nombre de cylindres plutôt que la cylindrée (on est arrivé à un seuil avec la technologie actuelle, il sera difficile de proposer des moteurs de 100 ch avec 0.4 litres de cylindrée par exemple).
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Cette logique s'étend également aux moteurs électriques. Les moteurs plus grands et plus puissants sont souvent plus efficaces, générant moins d'effet Joule dans leurs bobinages. C'est pourquoi une tesla de 500 ch peut consommer moins qu'une Peugeot électrique de 136 ch.
Pire, les voitures électriques ont une note de A et affichent des émissions de CO2 de 0 gramme/km ... Vous avez dit aberration ? Illogisme ? Eh bien sachez qu'on est dans la réalité d'une des plus grandes civilisations de tous les temps, celle qui a remplacé l'empire Romain. Hélas, on en prend aussi le même chemin avec l'impression massive de monnaie, qui signe le début de la fin de tous les grands empires depuis le début de l'histoire de l'humanité (sachez qu'à Rome il paraissait inconcevable et même impossible que l'empire ne s'effondre ... Exactement ce qu'on pense tous aujourd'hui de l'occident).
Les malus écologiques actuels basés sur les émissions de CO2 doivent être réévalués. Une approche plus nuancée, prenant en compte le rendement réel des moteurs dans des conditions de conduite variées et réelles, serait plus représentative de l'impact environnemental des véhicules. Car dans les faits, le conducteur d'un 2.2 litres pourra consommer mois que son voisin doté d'un 1.4 litres, et ce malgré que le deuxième moteur ait profité d'un bonus et le premier ait été pénalisé par un malus ... En effet, qu'on est besoin de 100 ch pour nos besoins, que ce soit avec un 2.2 ou un 1.4, nécessitera à peu près la même quantité de carburant (et donc émettra à peu près le même CO2). Rappelons enfin, pour enfoncer encore le clou, que les moteurs downsizés émettent plus de particules fines et de NOx par rapport aux gros moteurs, et donc on pourrait même aller jusqu'à dire que les gros moteur sont plus vertueux d'une manière générale ! Et enfin, le CO2 est un danger qui ne semble pas parfaitement définir par notre espèce, et que les supputations qui sont faites à son sujet sont peut-être fausses. Mais les gouvernements aiment multiplier les leviers qui assoient leur pouvoir, et la protection de l'environnement est semble-t-il un bâton qu'ils aiment utiliser. Il ne faut toutefois pas mépriser l'envie de protéger l'environnement, mais il faudrait en revanche qu'il y ait plus de cohérence du côté des différents pouvoirs politiques et industriels. Car si on limite le citoyen lambda de manière très restrictives, d'autres entités de grande envergure salissent sans aucune crainte l'environnement, et ce parfois encore plus que l'ensemble des automobilistes réunis.
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