Plan de l'article :
Alors que la nouvelle Renault R5 E-Tech électrique fait actuellement l'unanimité parmi les journalistes et influenceurs qui dévoilent leur essais en même temps (après l'embargo imposé par la marque), il me semble intéressant de prendre un moment de recul pour analyser ce qu'elle est réellement ... Certes, elle attire l'attention avec son design rétro et ses références au passé glorieux de la R5, mais derrière cette façade se cache une réalité un peu moins glorieuse : la R5 E-Tech n'est, en réalité, qu'une banale et vieillissante Renault Zoe habilement remaquillée et enveloppée dans une stratégie marketing ultra-léchée. Nous verrons toutefois en fin d'article en quoi il faut aussi nuancer les choses.
Techniquement, il n'y a rien de révolutionnaire dans cette nouvelle citadine électrique. La plateforme est similaire à celle de la Zoe, une base ancienne de thermique convertie à l'électrique. Le moteur est donc toujours placé à l'avant, le gabarit reste quasi inchangé, la puissance moteur est similaire et la taille de la batterie elle aussi se cantonne à 50 kWh. Et en résume, nous avons principalement affaire à une mise à jour stylistique d'un modèle qui a peiné à convaincre depuis des années (surtout parce que l'électrique est décrié), surtout côté tarif (car la Zoe est une bonne petite citadine électrique, sobre et agréable même si la fiabilité a parfois déçu).
A lire :
Il faut admettre que la Zoe, présente sur le marché depuis 2013, avait du mal à s'imposer face à une Clio thermique moins chère et plus polyvalente. Renault a donc opté pour une manœuvre plus psychologique qu'innovante : rebaptiser et relooker cette Zoe pour la présenter comme une toute nouvelle venue, voire même un modèle révolutionnaire ultra tendance. Et il semble que cela fonctionne, car la presse et les influenceurs se sont laissés séduire par ce tour de passe-passe marketing. Ce n'est plus la technologie ni même les caractéristiques qui priment, mais avant tout l'image ...
Renault a bien compris que l'apparence et la nostalgie jouaient un rôle crucial aujourd'hui. Il suffisait de donner un peu de "cachet" à la Zoe pour en faire un succès médiatique. Les esprits sont conquis, non par des innovations techniques, mais par un design qui rappelle les belles années de la R5, et par une narration savamment orchestrée. On assiste ici à une véritable démonstration de l'influence du storytelling dans l'industrie automobile moderne.
Ce phénomène atteint son paroxysme lorsque Renault va jusqu'à proposer une version badgée Alpine, vendue à un prix qui frôle l'indécence. Oui, vous avez bien lu : une Zoe légèrement modifiée, avec un logo Alpine, vendue à plus de 50 000 euros ! Une simple montée en puissance et une identité visuelle plus sportive (deux trois bouts de plastique tunning) suffisent pour justifier cette flambée des prix. Les équipes marketing de Renault doivent se féliciter d'avoir réussi à vendre une voiture si basique à un tarif aussi élevé, sous le seul prétexte d'un badge et de quelques chevaux supplémentaires (d'autant plus faciles à obtenir avec de l'électrique).
Les concepts tels que la Twin'Run ou la Zoe e-Sport avaient déjà annoncé la couleur et les idées des décideurs : une voiture aux fondations modestes, réhabillée pour devenir un produit premium, sans réelle valeur ajoutée technique. Le marché semble valider cette stratégie, mais ne devrions-nous pas nous interroger sur cette inflation artificielle des prix et sur l'importance disproportionnée accordée à l'image plutôt qu'à la substance ?
En fin de compte, la Renault R5 E-Tech illustre à quel point les perceptions peuvent être manipulées, et comment un habillage peut transformer une voiture ordinaire en un produit de "luxe" (ou a minima premium et tendance), pour peu que le récit autour soit bien ficelé. Renault a réussi à nous rappeler que, parfois, la nouveauté n'est qu'une illusion soigneusement entretenue.
Si il est vrai que la R5 est une évolution de la Zoe plutôt qu'un modèle totalement nouveau (mais il faudrait être fou pour repartir de zéro, décuplant les coûts et mettant au rebus un travail qui a porté ses fruits), il faut toutefois nuancer la critique comme le rappellent les internautes par le biais des commentaires. Tout d'abord l'infodivertissement (qui ne fait pas partie des caractéristiques techniques certes) s'enrichit d'un système embarqué Android Automotive extrêmement convaincant (car il peut être mis à jour à distance et propose des appli via un store, ce qui change tout !).
De plus, et c'est une information qui a tardé à venir, la petite R5 s'équipe d'un essieu arrière multibras au lieu de l'ancien semi-rigide de la Zoe, bien qu'il faudra vérifier que ce sera le cas sur toutes les versions (ce qui devrait être le cas, économies d'échelle obligent un peu, car la petite a aussi été pensée pour être chez Alpine avec de plus grosses puissances). Elle fait donc comme la Mégane E-Tech qui avait repris une base de thermique à essieu semi-rigide en lui greffant du multibras pour des raisons de poids d'ailleurs, la Mégane thermique en hybride a aussi eu droit en exclusivité à un essieu multibras, uniquement pour cette version donc, on peut donc en adapter en urgence en cas de besoin). En effet, à partir d'une certaine masse l'essieu multibras devient nécessaire pour permettre un minimum de rigueur (ce que les Allemands font bien plus souvent que les Français au passage ...).
Enfin, s'agissant d'une électrique à traction se basant sur une base de thermique, il semble (à vérifier à l'avenir) que même les bases techniques qui seront dédiées aux citadines électriques (donc des plateforme nativement électriques) reprendront cette architecture afin de libérer un maximum de volume dans le coffre. Vw prévoit d'ailleurs une ID2 basée sur une architecture de traction.
La R5 E-Tech est donc une Zoe qui a eu droit à quelques dotations qui la gratifient un peu plus, mais ça reste toutefois en grande majorité une plateforme de Zoe (et donc de Clio 4, voire de Clio 3 dont elle dérive ...). Cela n'est toutefois pas un mal, car encore une fois la Zoe est une petite voiture bien conçue même si je vous invite à aller consulter la fiche fiabilité ...
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