Model Y Juniper : changer pour changer ...

Plan de l'article :

Des nouveautés plus apparentes que consistantes
Des régressions cachées pour réduire les coûts
Des économies d’échelle compromises ?
Une stratégie commerciale bien rodée
Style
Conclusion

Le nouveau Tesla Model Y, baptisé "Juniper" ou "Opal" en interne, vient d’être dévoilé en Asie. Si Tesla présente ce modèle comme une évolution significative, la réalité révèle qu’il s’agit avant tout d’un subtil jeu marketing. Tesla mise sur le besoin profond des consommateurs d’avoir l’impression d’acheter un produit nouveau et amélioré, même si les avancées réelles sont finalement infinitésimales.

En effet, on peut lire à de nombreuses reprises sur les réseaux sociaux qu'une partie des gens attendent le nouveau modèle pour profiter des nombreuses améliorations, mais comme le prouve la Model 3 Highland, le produit est similaire voire même inférieur sur de nombreux aspects. Tels des zombies, une partie de gens a juste besoin qu'on change un peu l'aspect du produit pour leur donner le sentiment d'avoir affaire à un produit plus moderne et amélioré. Tesla doit donc faire avec et joue donc la carte du faux progrès, car soyons objectif, c'est le même véhicule ...

A lire : l'illusion du progrès dans le domaine de l'automobile ...

Des nouveautés plus apparentes que consistantes

Tesla affirme que le design du Model Y a été « repensé de bout en bout ». Mais en réalité, les modifications sont surtout esthétiques, et il s'agit ici d'un restylage très mesuré :

Feux avant et arrière redessinés, avec des bandes LED modernes rappelant le Cybertruck. Les optiques du nouveau sont bien évidemment moins coûteux à produire car moins massifs, un atout pour Tesla en premier lieu. Les optiques arrière aussi ont perdu en surface, avec un bandeau led qui réfléchit la carrosserie afin d'augmenter la surface éclairante pour un coût moindre, un procédé inédit prouvant que Tesla a de la suite dans les idées quand il s'agit de faire des économies.
Tesla précise aussi une amélioration de l’aérodynamisme, mais ces gains sont très faibles et ils auraient pu être réalisés dès la première version. On se retrouve ici face à un "progrès" étalé dans le temps volontairement pour créer de la nouveauté artificielle pour les modèles qui suivent. Les souffleries et ordinateurs auraient pu dès le modèle 2021 proposer quelque chose d'aussi efficace (c'est une science qui est ancienne qui n'a rien trouvé de nouveau, il faut ressembler à une goûte d'eau le plus possible et c'est tout).
Diffuseur arrière "remodelé" (plaque notamment située dans la partie inférieure) et nouveaux rétroviseurs dotés d’un « bourrelet aérodynamique » très anecdotique.
Deux nouvelles jantes en 19 et 20 pouces, bien que ce sont surtout les enjoliveurs qui soient nouveaux.
Une direction plus précise, à savoir un simple reparamétrage de la vis sans fin de la crémaillère (quoi que, même pas besoin si il utilise une direction by wire, ce qui semble être le cas, et qui induit encore des économies par rapport à une direction totalement mécanique ...).
Suspension ramollie pour faire suite aux critiques, Elon Musk a donc plié face à la clientèle en mettant moins en avant le dynamisme du Model Y. Ce n'est pas ici une amélioration mais un choix arbitraire qui en décevra certains mais plaira à d'autres (qui sont semble-t-il plus nombreux). Parler de progrès montre que les gens ne maîtrisent pas le sujet, c'est un choix pas un progrès au sens strict du terme.
Une meilleure insonorisation, qui consiste juste à renforcer les matériaux isolants et les vitrages. Ce n'était toutefois pas vital puisque le Model Y précédent était déjà très convaincant, sans doute une toute petite évolution qui sert avant tout à renforcer la liste des arguments marketings
Apparition d'un écran arrière comme sur la Model 3 Highland et l'écran avant de 15.4 pouces a une meilleure résolution
Nouveaux matériaux, comme le tissu ou la suédine sur la planche de bord, un choix arbitraire plutôt qu'une amélioration (le bois manquera pour certains)
Ambiance lumineuse avec un bandeau LED périphérique déjà vu sur la Model 3.
Sièges ventilés à l’avant et banquettes arrière électriques (les sièges peuvent se relever électriquement désormais) avec un plancher plat.
Un unique commodo à gauche et non plus une disparition totale de ces derniers comme avec la Model 3, Tesla semble faire marche arrière et montre que la marque peut ne pas s'entêter dans l'erreur. Car oui, les commodos faisaient partie de la légendaire ergonomie Tesla, qui a tout supprimé sauf l'indispensable (et il fallait les garder coûte que coûte). On en récupère un sur les deux, à savoir ceux des clignotants et essuie-glace, une très bonne chose
Accélération très légèrement améliorée, à savoir un dixième de secondes ... On perd toutefois largement en vitesse de pointe, de quoi décevoir les amateurs de performances.

Ces changements ne transforment pas fondamentalement l’expérience du modèle, surtout que les spécificités techniques restent similaires en termes de batterie.

Tesla met en avant des gains d’autonomie, mais là encore, les évolutions restent modestes pour ne pas dire insignifiantes (même si en WLTP ça paraît plus impressionnant puisque le protocole est très sensible à toute évolution en raison de de sa faible ambition) :

La version propulsion standard atteint 466 km en cycle WLTP (+7,7 %) grâce à une batterie LFP de 62,5 kWh qui gagne donc 2.5 kWh ...
La version grande autonomie passe à 551 km (+3,4 %), conservant la batterie LG de 79 kWh. Ces améliorations sont davantage dues à des ajustements logiciels et aérodynamiques qu’à une vraie révolution technologique.

Des régressions cachées pour réduire les coûts

Malgré le discours qui vante un gain de qualité, Tesla a manifestement cherché à réduire les coûts de production :

Optiques avant et arrière plus petits, probablement moins coûteux à fabriquer.
Direction sans doute by wire qui réduit le nombre de pièces
Réduction du nombre de commodos
Gigacasting arrière repensé, réduisant le nombre de pièces à une seule.

Ces choix montrent que Tesla cherche à maximiser ses marges tout en donnant l’impression d’une montée en gamme. Ça suffit pour satisfaire de nombreux clients peu attentifs et cultivés qui veulent simplement croire qu’ils achètent un produit en constante amélioration.

Des économies d’échelle compromises ?

Un point étonnant est l’absence de synergies avec la Model 3 restylée qui permettaient avant de réaliser de grosses économies d'échelle. Les optiques certains éléments de l'habitacle (contre-portes et enceintes) ne sont pas partagés, ce qui limite les économies. Tesla semble ici avoir privilégié une distinction visuelle entre les deux modèles, quitte à augmenter les coûts de production. Il est étonnant de voir la marque être aussi généreuse ... Cela semble donc indiquer une demande importante qui visait à ce que Tesla distingue plus ses modèles, afin de paraître moins low-cost.

Une stratégie commerciale bien rodée

Le Model Y Juniper est un parfait exemple de stratégie commerciale adaptée à notre époque. Tesla sait que ses clients, comme beaucoup de consommateurs, ont besoin de ressentir un sentiment de nouveauté et de progrès pour passer à l’achat. Les modifications, bien que souvent superficielles, suffisent à nourrir cette perception. Apple fait par exemple de même depuis plusieurs générations d'Iphone, les nouveaux ne sont que des copies des anciens à peine améliorés. Il faut toutefois reconnaître que les marques proposent des produits très aboutis, et qu'il devient difficile de faire mieux, et pour combler cela ils changent pour changer, afin de rassasier les esprits domestiqués par le commerce moderne qui a comme moteur la mode et le sentiment de progrès. On pourra faire une analogie avec le monde animal, qui ne change pas de forme tous les 3 ans ... Le cheval (pour prendre un exemple au hasard) est arrivé à une maturité parfaite qui ne nécessite plus de le transformer. En effet, vouloir le modifier consisterait à le faire régresser puisque tout est désormais optimal. C'est un peu pareil avec certains produits actuels, le progrès qui ne date pas d'hier a permis des les rendre optimaux sans qu'il n'y ait besoin de les modifier. Mais comme l'aspect commercial compte et que les personnes sont bourrés de biais, il faut changer pour changer, afin de créer le sentiment de progrès et de nouveauté, mais là je tourne en rond et radote. Je pense que vous avez cerné l'idée.

Style

Parlons un peu du style qui divise. Je fais partie pour ma part de ceux qui ne sont pas convaincus (bien qu'il faut un peu de temps pour "ressentir pleinement un design") .. En reprenant le style du Cybercab, lui-même inspiré du Cybertruck (que tout le monde conspuait, et donc Tesla base désormais tout son style sur un véhicule qui a été considéré comme étant le plus moche de tous les temps), on peut dire que ce n'est pas le coup de foudre. Le bandeau avant traversant rappelle les véhicules chinois et perd donc le regard qui ne peut exister qu'avec deux optiques bien distincts (comme des yeux). Le charme d'une voiture se fait notamment grâce à un regard (BMW l'avait d'ailleurs bien compris, allant jusqu'à créer des "Angle eyes"), et ici il n'y en a plus vraiment ... Idem pour l'arrière, car si l'idée du reflet du bandeau led est intéressant, la réalisation ne me semble pas très séduisantes. Notons enfin que les anti-brouillards reviennent sur un style qui appartenait à la génération précédente.

Dernière idée, il reste à voir si certains éléments seront appliqués sur le Model 3, comme les optiques avant et arrière.

Conclusion

Finalement, ce restylage est avant tout une opération de communication bien huilée qui vise à combler les biais des prospects qui sont ancrés dans leur époque et qui ont besoin de renouveau perpétuel (comme ils le font en zappant à longueur de journée les shorts sur Youtube et TikTok). Tesla maintient l’intérêt pour son SUV tout en rationalisant ses coûts. Une recette efficace, mais qui pourrait frustrer les clients qui espéraient de vraies avancées. Mais quelles avancées prétendre si ce n'est de trouver une nouvelle chimie de batterie qui permettrait de doubler les autonomies ? Comme par exemple les batteries solides. Car les Tesla sont déjà très abouties. Il manquait juste une caméra 360 et un combiné central pour les personnes à qui ça manque ... Bien entendu, compléter l'équipement aurait aussi été intéressant, comme la possibilité d'obturer le toit en verre et mettre des poignées de maintien. Et si il fallait faire évoluer le style, ce n'était semble-t-il pas vraiment dans ce sens qu'il fallait le faire.

Ecrire un commentaire

Les derniers commentaires DU SITE

Ecrire un commentaire

Fiches Tesla

	Model 3 2018 ( 62 Avis)
	Model 3 2023 ( 11 Avis)
	Model S 2012 ( 20 Avis)

	Model X 2016 ( 9 Avis)
	Model Y 2021 ( 18 Avis)

Sondage au hasard :

Pour quelle raison PRINCIPALE achèteriez-vous une voiture électrique ?