DS "numéro 8" : l'audace enfin maitrisée ?
Plan de l'article :
DS Automobiles persiste et signe dans sa philosophie sans complexe, avec encore une fois un modèle plus prétentieux et intrigant que jamais : la DS 8, prévue pour la moitié de l’année 2025. Ce modèle, baptisé « Numéro 8 », tente clairement d’impressionner en empruntant les codes du luxe, rappelant la numérotation iconique des parfums comme le Chanel N°5. Mais au-delà de cette présentation esthétique digne de l'hyper luxe, que cache réellement cette nouvelle proposition de DS ?
Des caractéristiques déjà connues d'avance
La DS 8 repose sur la plateforme STLA de Stellantis, partagée avec (entre autres) la troisième génération du Peugeot 3008. Cela en fait, en substance, une version rebadgée du SUV compact de Peugeot, agrémentée d’un habillage bien plus luxueux.
Sur le plan technique, la DS 8 propose une gamme de motorisations qui ratisse large, histoire de capter un maximum la demande qui a tendance à se morceler avec les années : pro-thermiques, pro-hybrides et pro-électriques dont je fais partie :
- 100 % électrique : Dès son lancement, la DS N°8 sera proposée en version entièrement électrique, équipée d'une batterie de 97.2 kWh offrant une autonomie pouvant atteindre 750 km selon le cycle WLTP. Cette caractéristique la positionne favorablement face à la concurrence et c'est sans doute le seul aspect qui est ici réellement attractif et remarquable. Mais encore une fois c'est déjà connu car le 308 a déjà inauguré tout ça il y a quelques mois. Trois déclinaisons seront disponibles, avec des puissances de 170 ch (traction avant), 245 ch (traction avant) et une version dual motor offrant 360 ch en transmission intégrale.
- Hybride rechargeable : À partir de 2026, la version hybride rechargeable bien connue sera disponible, combinant un moteur thermique à une boîte électrifiée e-DCS7 pour une puissance cumulée de 195 ch. Un solution un peu limite pour le niveau de gamme mais qui passe encore.
- Micro-hybride : Une motorisation micro-hybride de 136 ch, associée à une boîte automatique e-DCS6, viendra compléter la gamme, une configuration qui fait clairement de la peine pour ce type d'engin, c'en ai même décrédibilisant pour le modèle qui prétend appartenir au premium, et même un peu plus vue ses gesticulations.
Malheureusement, l’expérience technique n’atteint donc pas tout à fait le niveau attendu pour un modèle qui aspire au premium même si la batterie XXL de la version électrique attire l'attention des plus connaisseurs. Le système d’infodivertissement reste aussi le talon d’Achille des modèles Stellantis, avec une interface souvent critiquée pour ses lenteurs et ses dysfonctionnements. Mais il faut reconnaître que les choses ont été mises à niveau et que beaucoup de marques proposent encore des systèmes trop ancrés dans le passé ... Il faut le comprendre, les habitacles modernes ont besoin d'une tablette polyvalente comme l'ont compris Tesla (même mieux que comprendre ils l'ont inventée), Mercedes et les Chinois (sans oublier Ford). Les écrans allongés et écrasés n'ont plus rien à faire dans les voitures des années 2020 et 2030.
Des tarifs premium mais pas trop
Le carnet de commandes de la DS N°8 ouvrira au premier trimestre 2025, avec des livraisons prévues pour le second semestre. DS a annoncé un tarif inférieur à 65 000 € pour la version Grande Autonomie, ce qui la positionne de manière relativement compétitive face à des modèles tels que l'Audi Q6 Sportback e-Tron (qui a clairement perdu des plumes et qui semble moins qualitatif même si sa base technique lui est supérieure) ou la BMW i4. Cependant, elle se situe au-dessus d'une Tesla Model Y propulsion grande autonomie, proposée à 46 990 €, mais il faut reconnaître que le positionnement n'est pas du tout le même et que la comparaison est presque impertinente. Et donc en résumé les tarifs ne sont pas cadeaux mais ça aurait pu être pire ... Reste à voir à combien sera vendue la frêle version de 136 ch.
Un habitacle audacieux sans fausse note
Si DS est souvent critiquée pour ses ambitions techniques limitées, force est de constater que l’habitacle de la DS 8 marque les esprits, et surtout le mien. La marque mise sur un design épuré, à la fois moderne et luxueux, qui pourrait presque rivaliser avec des constructeurs apparentant à l'hyper luxe. Les matériaux semblent très qualitatifs et les finitions exemplaires d'après les premières images, et l’ensemble respire le luxe et la modernité, c'est un grand bravo pour ma part. Cet habitacle a en effet beaucoup de personnalité et il met une claque à bien des marques situées pourtant très haut dans la hiérarchie automobile.
Cependant, cette approche audacieuse se heurte à une base technique trop banale pour soutenir de telles ambitions. L’écart entre l’esthétique et le contenu technique risque de décevoir une clientèle exigeante, et on ne peut s’empêcher de penser que cette présentation aurait mieux convenu à une marque comme Rolls-Royce, dotée d’un véritable savoir-faire technique et d'une image suffisamment crédible pour que ça passe.
Un design extérieur qui divise
La calandre s'éclaire comme pour imiter les Allemands
L’extérieur de la DS 8 est également très affirmé, avec des lignes et des couleurs (bicolore synonyme de Roll ou Maybach) qui cherchent à impressionner par leur audace. Cependant, certaines proportions paraissent maladroites comme c'est souvent le cas avec les bases françaises aux roues mal positionnées, donnant un aspect visuel parfois déséquilibré. Ce manque d'harmonie pourrait dissuader une partie de la clientèle à une époque où les voitures sont de plus en plus réussies.
Conclusion
La DS 8, avec son nom « Numéro 8 » et son positionnement audacieux, incarne bien l’état d’esprit de DS : une tentative de dépasser ses limites pour se hisser parmi les grands du luxe automobile. Si l’habitacle impressionne par son raffinement et sa créativité, la base technique plus modeste et le système d’infodivertissement daté ternissent cette ambition. DS devra convaincre que cet emballage de luxe peut réellement compenser les faiblesses techniques et satisfaire les attentes des amateurs de premium. Et finalement on en revient toujours au même problème : une voiture généraliste barbouillée de partout peut-elle réellement appartenir au premium ? De plus, avec les années DS se trimballe cette réputation qui ne l'aide pas, à savoir celle d'une marque qui vend du généraliste plein de chrome à prix premium. Et à ce jeu là les Allemands ont bien mieux réussi leur coup en arrivant bien mieux à le faire avec leurs plateformes UKL, MQB et MFA qui sont des généralistes maquillées elles-aussi.
Enfin, la clientèle associée à ce type de positionnement aime aussi beaucoup les produits sobres, car les Mercedes, Audi et BMW sont loin d'arriver à ce niveau d'exubérance (le nouveau crédo de Jaguar d'ailleurs). Et en gros il faut pouvoir assumer une telle voiture au quotidien, et certains clients n'oseront peut-être pas franchir le pas même si ils la désirent au fond d'eaux.
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