Dernière modification 19/08/2024

Lamborghini Temerario : Lambo part en lambeaux ?


La Lamborghini Temerario se présente comme l'héritière de la très appréciée Huracán, une tâche très difficile tant elle était parfaite ... Elle s'éloigne en effet sensiblement de ce qui faisait le charme de sa devancière, mais nous allons y revenir. Si les chiffres sont évidemment impressionnants, ils ne parviennent pas à dissimuler un certain nombre de choix qui risquent de diviser les puristes. Entre un design moins affirmé et une mécanique qui peut laisser quelques doutes, la Temerario marque incontestablement un tournant dans l’histoire de Lamborghini.

Temerario ?

Le terme téméraire désigne quelqu'un ou quelque chose qui fait preuve d'une audace excessive, souvent imprudente ou imprévisible, en prenant des risques sans bien mesurer les dangers ou les conséquences. Il implique un comportement courageux mais parfois déraisonnable, où le sens du risque est minimisé voire ignoré. Hélas, cette Temerario cherche plus à paraître qu'à vraiment l'être ... Car niveau risques et audace, on peut dire qu'ils sont ici très mesurés comme nous allons le voir.


Un design qui divise ?


À première vue, la Temerario arbore une silhouette qui pourrait facilement trouver sa place dans une franchise de jeux vidéo comme GTA, où les designers optent pour des modèles légèrement modifiés pour éviter toute poursuite judiciaire lié à l'absence de licence concernant les droits à l'image des véhicules officiels. Ce choix stylistique semble donc manquer d'une signature forte et immédiatement reconnaissable qui a fait la renommée des modèles précédents, une sorte de Lambo "no name". De plus, le bouclier avant fait très plastique et il manque d'entrée d'air qui sont synonyme de performances, et les radars en forme de boule rappellent qu'on a affaire à une Audi ... Rappelons qu'il n'y a jamais d'admission à l'avnat sur les berlinettes à moteur central arrière, les entrée d'air ne servent qu'à refroidir des radiateurs (qui sont déportés sur l'avant, loin du moteur et de la boîte, ce qui est franchement peu pratique et contraignant mais il n'y a pas le choix sur ce type de voiture ...). L'admission est systématiquement sur les parties latérales à l'arrière, ou a minima sur une des côtés (le deuxième sert généralement encore à un autre radiateur !).




Les optiques avant peuvent être source de controverse en rappelant deux de la Tesla Model 3 Highland (et de la roadster à venir, son véritable ennemi) ou encore du restylage de la Jaguar F-Type, deux références qui semblent affaiblir l'identité visuelle et la singularité de la Temerario (bien que j'apprécie ce genre de regard me concernant). La signature lumineuse, pourtant cruciale sur une Lamborghini, manque d'agressivité et s'intègre mal au reste du design (on croirait voir la signature d'un T-Roc ... Ou alors une super Alpine A110 !). Quant à l'arrière il manque de prestance et d'envergure avec ses échappements centraux (bien moins sympas que des échappements latéraux en partie basse qui permettent d'élargir et d'assoir le popotin, et plus généralement je trouve les supercars à échappement central décevantes pour cette raison), ses roues apparentes et ses optiques insipides qui font encore pire qu'à l'arrière. Le tout est moins trapu, moins euphorisant ... En somme, la Temerario, bien que respectant les codes stylistiques des supercars modernes, ne parvient pas à provoquer le coup de coeur comme c'est généralement le cas avec les Lamborghini (et surtout avec l'Huracan).




Moteur ?

L'un des changements les plus importants réside dans le moteur. L'Huracán était animée par un V10 atmosphérique de 5,2 litres, un moteur au caractère bien trempé, emblématique de Lamborghini même si il était partagé avec une certaine R8. Ce bloc développait 640 chevaux à 8 000 tours par minute, avec un couple maximal de 600 Nm à 6 500 tours par minute. Ce moteur était non seulement performant mais il offrait également une sonorité inimitable en raison de l'absence de turbo (sans turbo l'échappement est totalement libre).

Ce moteur permettait d'atteindre le 0 à 100 km/h en 2,9 secondes (3.2 avec la version classique de 610 ch), avec une pointe à 325 km/h. Le V10 était apprécié pour sa montée en régime linéaire, sa réponse instantanée (typique des moteurs atmosphériques) et sa capacité à offrir un bouquet de sensations sonore et vibratoires.


En contraste, la Lamborghini Temerario adopte un V8 bi-turbo de 4,0 litres (qui rappelle les specs du V8 Mercedes, la fameux 63 devenu 39 ...), capable de produire 800 chevaux à lui seul, avec un couple maximal de 730 Nm disponible entre 4 000 et 7 000 tours par minute. Sa particularité est d'embarquer un vilebrequin à plat (décidément tous les vilebrequin sont à plat en ce moment) qui, contrairement au vilebrequin croisé traditionnel où les manetons sont décalés à 90 degrés, dispose de manetons alignés sur un même plan. Cela permet un allumage plus régulier, ce qui améliore la réactivité du moteur et permet des montées en régime plus rapides. Cependant, il peut induire plus de vibrations, nécessitant souvent des arbres d'équilibrage.

Ce gain important vis à vis de l'ancienne génération semble être lié à l'apparition massive des voitures électriques entre temps, dont les performances sont incroyables même quand il s'agit de berlines familiales (Model S Plaid, Model 3 Performance ...). Le gap est donc ici plus important qu'à l'habitude historie de garder la tête un minimum haute ... Car rappelons que la Model S Plaid lui met encore une sacré fessée. Au delà des émotions mécaniques, une supercar se doit rester crédible en surpassant tout ce qui roule, et ici les ingénieurs ont fait ce qu'ils ont pu avec cette ancienne technologie qu'est le moteur thermique ...


Ce moteur étonne par sa capacité à atteindre des régimes de 9750 tours par minute, un exploit technique pour un moteur suralimenté (réussi par l'utilisation de turbos de gros calibres qui ne fonctionnent justement qu'à haut régime et pouvant souffler 2.5 bars quand même !). Le creux qui en résulte à bas régime sera compensé par un moteur électrique de 120 ch (en réalité trois qui se limitent à fournir 120 ch). Mais malgré cette prouesse, il manque de la pureté acoustique du V10 atmosphérique, un changement qui risque de déplaire aux puristes. Et pour revenir à l'électrification, on a un moteur au niveau du dispositif d'embrayage et deux autres sur le train avant, c'est donc une transmission intégrale. Attention toutefois, les 3.8 kWh de batterie sont vraiment très limités et indiquent une endurance limitée à sa pleine puissance (920 ch). Il s'agit en gros d'une adaptation de l'ancienne, car la base est ici la même, et c'est en utilisant l'espace libéré dans le tunnel de transmission qu'on a pu intégrer les 3.8 kWh de batterie (plus besoin d'arbre depuis que l'avant est motorisé par de l'électrique). Tout cela amène la Temerario à 1690 kg, ce qui commence à faire beaucoup pour une berlinette compacte ... Pour compenser on lui a mis des gommes XXL, avec notamment du 325 mm de large à l'arrière (21 pouces mais ça c'est plus de l'ordre du détail).
Bref, avec la Temerario, toutes les Lamborghini sont donc désormais des PHEV ...

La performance est certes au rendez-vous, mais avec un 0 à 100 km/h en 2.7 secondes on est finalement sur des valeurs qui sont assez classiques pour 920 ch. Côté vélocité on est sur une vitesse de pointe de 343 km/h. Le tout est permis par une boîte double embrayage à 8 rapports, ce qui a été possible par l'énorme place disponible à l'arrière (la moitié de la voiture est consacrée à la mécanique ...) car les boîtes à trains parallèles sont plus encombrantes que les équivalents à trains épicycloïdaux).

Intérieur ?


L’intérieur semble quant à lui être inspiré des Mclaren, tout en mixant le tout avec les intérieurs maisons du passé. Repris de celui de la Revuelto, l’habitacle mélange plutôt bien sportivité et luxe bien que le partage soit pour ma part très mal vu, les économies d'échelle n'ont rien à faire sur une Lamborghini et chaque modèle doit avoir sa propre identité (ça semble donc indiquer que le groupe veut faire exploser ses marges). Le conducteur est accueilli par une planche de bord dominée par une interface centrale de 8,4 pouces, qui contrôle le système multimédia et intègre la réplication sans fil de smartphones via Apple CarPlay et Android Auto. L'ensemble est assez moderne et épuré bien qu'ils auraient pou aller encore plus loin, le futur est ici relativement mal anticipé et cette Temerario prendra vite un coup de vieux en termes de présentation intérieure. Le volant laisse aussi un arrière goût de déception en étant à la fois daté et peu spectaculaire. A une époque où les voitures sont de plus en plus travaillées, même sur le segment généraliste, on peut dire que la marque a été timide.


Le combiné intègre un écran de 12.3 pouces et le passager bénéficie d'un écran en longueur de 9.1 pouces. L’espace intérieur est également plus généreux que celui de l'Huracán, permettant même aux conducteurs de grande taille de s’installer confortablement, ce qui était un défaut sur la précédente, écartant une partie de la clientèle.

Les palettes sont bien évidemment fixes et non solidaires du volant, comme toute vraie voiture performante conçue par des gens intelligents ... L'ergonomie en est décuplée, que ce soit à petit ou gros rythme.


Conclusion


La Lamborghini Temerario est sans conteste une supercar d'exception en termes de performance pure, avec ses 920 chevaux hybrides et ses chiffres impressionnants. Et même si on peut lui reprocher d'avoir perdu 2 cylindres, on reste toutefois sur une architecture moteur bien au dessus de ce que l'on peut voir sur les Ferrari équivalentes, qui sont carrément tombées au niveau d'un V6 ! Bref, malgré les imperfections de la Temerario, elle reste en tout point supérieure à son équivalent du côté du cheval cabré : mécaniquement et stylistiquement parlant, et c'est le principal pour les actionnaires ...


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