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Stellantis, le géant automobile français issu de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, traverse une période de turbulences sans précédent. Sous la direction de Carlos Tavares, le groupe fait face à une série d'épreuves commerciales et financières qui mettent en péril sa position sur le marché mondial .. Le groupe qui fait la fierté de la France semble commencer à voir ses murs se fissurer, mais à une époque où tout bouge très vite, même les meilleurs peuvent se prendre les pieds dans le tapis. Voici donc un résumé de la situation.
Les résultats financiers pour le premier semestre 2024 sont désastreux. Le chiffre d'affaires a chuté de 14%, atteignant 85 milliards d'euros, tandis que le bénéfice net a dégringolé de 48% (c'est surtout ce chiffre qui pose des soucis). Cette chute libre a effacé près d'une année de progression boursière, le cours de l'action retombant à 16,27 euros.
Comme de nombreux constructeurs, Stellantis subit de plein fouet le recul des ventes de véhicules électriques en Europe et aux États-Unis. Toutefois, la situation est aggravée par des erreurs stratégiques internes, bien qu'il soit toujours facile de juger et critiquer de loin quand on n'a pas les manettes en main (n'importe lequel d'entre nous aurait probablement fait pire, et mener une industrie de cette envergure reste un travail d'équilibriste incroyable, surtout en cette période de pénuries et de complexité géopolitique et financière). La baisse des volumes de vente est due à une réduction excessive des stocks (accentué par le renouvellement de modèles, il y a donc une césure technique dans le flux des produits) et à des pénuries temporaires de production, qui auraient pu être mieux anticipées et gérées.
La situation est particulièrement critique en Amérique du Nord, où le groupe enregistre ses plus fortes pertes (Jeep etc.). Carlos Tavares a évoqué la nécessité d'une restructuration urgente, notamment en réduisant les stocks trop importants et en maîtrisant les coûts élevés. Cependant, les actions correctives tardent à se concrétiser, laissant le marché américain dans une situation précaire.
La politique de réduction des coûts, chère à Carlos Tavares, montre ses limites. Si elle a permis de maintenir une marge opérationnelle correcte (10%, parmi les meilleures), elle a aussi conduit à des soucis comme par exemple les airbags Takata défectueux, sans compter les soucis de fiabilité bien connus liés au moteur Puretech et à l'Adblue. Cette situation engendre une grogne persistante, notamment en France, et nuit à la réputation du groupe qui commence à perdre quelques clients.
Stellantis envisage désormais de se séparer de certaines marques non rentables pour améliorer sa rentabilité. DS, Alfa Romeo, Maserati, et potentiellement Lancia, sont sur la sellette. Cette décision, bien que compréhensible d'un point de vue financier, pourrait entacher davantage l'image de Stellantis en tant que groupe multimarque diversifié.
Rappelons que le groupe se constitue de ces marques :
Malgré ce tableau sombre, Stellantis mise sur ses partenariats et innovations pour tenter de redresser la barre. La coentreprise Leapmotor International prépare le lancement de véhicules électriques high-tech, comme le SUV C10 et la citadine T03, avec un déploiement initial en Europe. Ces nouveaux produits, s'ils rencontrent le succès, pourraient offrir une bouffée d'oxygène au groupe. L'espoir viendrait donc de la Chine ? L'histoire est souvent ironique comme vous pouvez le constater.
Stellantis se trouve à un carrefour décisif de son histoire. Les erreurs stratégiques, les retards dans les décisions correctives et une gestion de crise maladroite ont plongé le groupe dans une situation délicate. Carlos Tavares et son équipe doivent impérativement redresser la barre pour éviter un naufrage complet. La grande offensive produits annoncée pour cette année, avec 20 nouveaux véhicules (bien qu'ils s'agissent souvent de modèles identiques recarrossés grâce à des plateformes modulaires de type STLA...), sera cruciale pour tenter de reconquérir des parts de marché et restaurer la confiance des investisseurs et des consommateurs. Mais dans un contexte économique morose, il est d'autant plus difficile de produire des exploits commerciaux. La salut passera donc peut-être par le délestage d'un certain nombre de ses marques.
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