Plan de l'article :
L'achat d'une voiture hybride d'occasion est une problématique qui ne fait que prendre de plus en plus d'ampleur en raison de la multiplication des modèles disponibles sur le marché.
Et comme vous l'aurez probablement deviné, il s'agit d'un achat qui se révèle encore plus technique que celui d'une simple thermique. Essayons donc d'y voir plus clair pour déjouer les pièges et voir si éventuellement il vaut mieux s'abstenir ...
Découpons donc cette étude en plusieurs chapitres, le vieillissement et l'obsolescence ...
Comme toute technologie balbutiante, l'hybride évolue à grands pas au niveau des capacités offertes. Pas tant que la technologie évolue, mais plutôt au niveau du coût de revient de la fabrication. En effet, la technologie a finalement peu changé depuis le début de "l'ère hybride", on a toujours affaire à un accumulateur au lithium qui vient alimenter un moteur électrique à aimant permanent ou induction (on s'en fiche un peu, il n'y a pas d'obsolescence de ce côté là, les rendements restent toujours très corrects, les pertes se situeront plutôt côté transmission, et ça dépend donc où a été installé le moteur électrique et quelle est l'inertie de la chaîne de traction. Mais ce sera difficile à savoir ...).
Le souci se situe donc principalement au niveau de la capacité offerte par la batterie, mais aussi dans une moindre mesure par son intégration (en pensant aussi au volume de coffre).
Un excellent exemple permettant d'illustrer un modèle obsolète est la BMW Activehybrid 3 (ou même Activehybrid 5, même dispositif sur la Série 5). Il s'agit de berlines dotées d'une batterie de moins de 1.5 kWh pour un surpoids d'environ 160 kg et un coffre réduit de quasiment 25% ... Tout ça pourquoi ? Une autonomie d'environ 2 km en tout électrique et une réduction de la consommation moyenne très anecdotique ... En gros on a quelque chose de massif qui ne change rien ou presque à la manière d'utiliser le véhicule ou même au niveau des consommations.
On pourra aussi parler de l'Hybrid4 de PSA dans sa première génération (pas la dernière version rechargeable, celle du 3008 I), les prestations restent très limitées pour les inconvénients induits : surpoids et éventuels problèmes de fiabilité supplémentaires.
Je mets toutefois de côté les HSD de Toyota (l'hybride des Prius et autres modèles accueillant cette hybridation à variation continue e-CVT) qui sont bien mieux intégrés et surtout bien mieux pensés : ce sont des dispositifs conçus pour fonctionner avec de l'hybride léger (bien que des versions rechargeables se sont greffées, mais avec un succès commercial plus que limité). Visez donc toutes les technologies qui tendent vers une hybridation légère qui ne prend pas de volume dans l'habitacle : E-Tech non rechargeable (Renault), I-MMD/e:HEV (Honda) et HSD (Toyota, Lexus, Ford) principalement.
Pour résumer, si acheter une vieille Prius d'occasion est encore pertinent (mais n'espérez pas payer moins de carburant qu'avec un diesel, et pensez que la batterie commence à fatiguer à partir de 8 ans), acquérir une hybride de plus de 5 ans dotée d'une batterie de moins de 3 kWh me semble être une grosse erreur, car ce sont généralement des modèles totalement obsolètes ...
Et donc si je recommande plutôt les hybrides légers récents (jusqu'à 3 kWh), j'ai tendance à déconseiller les hybrides plus anciennes qui ont ces niveaux de batterie. Par exemple, un E-Tech de 1.2 kWh de 2021 est plutôt judicieux, une BMW ActivHybrid 3 de 2012 et de 1.35 kWh pas du tout !
Sachez que les batterie des Toyota avant 2020 utilisent la technologie NiMH, une chimie qui se rapproche finalement des performances des batteries lithium modernes en nombre de cycles (le NIMH est toutefois encombrant pour l'énergie qu'il offre, densité énergétique moindre). Le NIMH a toutefois tendance à tenir un peu mieux dans la durée si il n'y a pas eu de décharge profonde, la différence reste toutefois ténue avec le Lithium.
La durée de vie moyenne est estimée à 8 ans, et cela peut varier selon l'utilisation (mais comme c'est l'électronique de puissance qui gère les charges / décharges, cela ne doit donc pas avoir de grosse incidence et la moyenne devrait être à peu près similaire entre tous les véhicules).
On peut donc citer quelques exemples d'hybrides à éviter :
Côté vieillissement il y a deux points principaux à aborder, commençons tout d'abord par la fiabilité. Entre le manque de maturité des premiers modèles hybrides et le coût très importants des composants de l'époque, les pannes peuvent se révéler assez fréquentes et le coût de réparation extrêmement important. J'ai un bon exemple avec la Classe S 400 Hybrid de 299 ch dont j'ai eu quelques retours négatifs (voir ici). Ce modèle connaît une maladie assez fréquente au niveau de l'électronique de puissance qui gère la charge (redresseur notamment), le souci étant que le coût pour remplacer l'organe s'élève à 20 000 euros chez Mercedes Benz. Un problème d'autant plus énervant que c'est totalement décorrélé de tout sens (un redresseur ou un dispositif de ce genre aurait logiquement une valeur inférieure à 3000 euros, et encore je suis large) et que tous ces frais ne mènent au final qu'à retrouver une hybride totalement obsolète : moins de 15 km/h en tout électrique, à peine 3 km d'autonomie (quand on arrive à 2 on est content) et un surpoids que la lourde Classe S n'avait pas besoin.
L'autre aspect concerne la batterie ... Si vous convoitez une version exploitant la technologie NiMH alors il faudra faire attention qu'elle n'ait pas subi de décharge trop profonde, car cela l'abime beaucoup, encore plus que sur du lithiuim-ion (le souci du NIMH est que ça se décharge tout seul et rapidement, provoquant alors une décharge profonde si vous avez laissé l'auto stationnée trop longtemps).
Mais comme la majorité du marché s'oriente vers le lithium, il faut donc avant tout se concentrer sur cette technologie.
Le souci est que, quelque soit la technologie de batterie, la chimie vieillit plutôt moyennement, et cela même quand on ne sollicite pas l'accumulateur.
Il y a aussi le nombre de charges qui influe, c'est à dire que la batterie sera limitée à un nombre de cycles entre 500 et 1500 selon la qualité de l'accumulateur et sa conception (un cycle correspond à une décharge totale, donc si j'utilise ma batterie deux fois en allant de 100% à 50%, avec une recharge entre les deux donc, alors je n'aurai utilisé qu'un seul cycle). Et comme l'hybride se dote de petites batteries, elles connaîtront logiquement un plus grand nombre de cycles de recharges / décharges, et donc leur durée de vie sera bien plus limitée ...
Quand on arrive pour acquérir une hybride qui a déjà 10 ans et près de 150 000 km, les chances que la batterie soit trop usée (perte jusqu'à 50% de l'autonomie) est assez grande (elle est même quasi certaine). On ne se coltine alors que les inconvénients : surpoids, réduction du coffre, coût lié à la fiabilité etc. Tout ça pour une "semi-hybride" qui sera à 95% du temps sur son mode thermique.
Comme toute problématique il n'y a pas de réponse toute faite. Il faut analyser le produit que vous achetez : batterie Lithium ou NiMH ? S'agit-il d'une hybride parallèle, série ou série-parallèle ? Quelles sont les capacités d'origine (pour voir si c'est obsolète et donc la partie hybride est trop anecdotique pour apporter quelque chose) ? Quel âge a l'auto (pour estimer la perte de la batterie) ? Le dispositif est-il encombrant et prend-il de la place dans l'habitacle ?
Si il s'agit d'une micro-hybride 24 ou 48V on se fiche en revanche de tout cela. S'agissant de voitures "anecdotiquement hybrides", que la batterie soit rincée ou pas ça ne change pas foncièrement les choses. Dans ce cas vous devez plus vous préoccuper de choisir entre essence ou diesel.
Donc oui pour Une Prius de 10 ans et surtout pas pour les apprentis hybrides du début des années 2010 (jusqu'à 2015 / 2017) dotés de dispositifs faits à la va-vite et dont les capacités sont ridicules.
Si vous trouvez une hybride rechargeable qui vous intéresse, il me semble plus que judicieux de ne pas prendre les kilométrages élevés (sauf si vous profitez d'une décote suffisamment importante pour que cela vaille quand même le coup, tout ets toujours question d'argent. Mais le risque d'une panne très coûteuse existe toujours ...).
Il me semble alors bien de se limiter à 5 ans et 70 000 km. Bien entendu, ne vous bornez pas à écouter les conseils avisés sur les différents médias automobile, n'hésitez pas à faire marcher votre tête pour analyser les choses vous-même et adapter les problématiques à votre propre vie personnelle.
N'hésitez pas à partager vos convictions et conseils sur le sujet, il est toujours intéressant d'amener de nouveaux arguments (que ce soit pour ou contre).
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