Plan de l'article :
Les gouvernements et les médias nous incitent constamment à renouveler nos véhicules sous prétexte qu'un modèle récent serait plus écologique. Face aux discours dominants qui prônent le renouvellement du parc automobile pour des raisons environnementales, une question mérite d'être posée : est-ce réellement plus écologique de remplacer un véhicule ancien par un modèle neuf ? Les constructeurs et gouvernements avancent l'argument d'une consommation plus faible et d'émissions réduites, mais qu'en est-il de l'impact global de remplacer sa voiture ancienne par une neuve ? L'empreinte écologique d'un changement de voiture est-elle réellement compensée par une baisse de consommation de carburant ? C'est ce que nous allons examiner ici, car c'est un raisonnement facile qui est accessible à tous.
Prenons un exemple concret et chiffré qui paraît être très raisonnable : prenons comme exemple le cas d'une voiture plus ancienne qui consomme 2 litres de plus aux 100 km que son équivalent moderne, et que son conducteur parcourt 15 000 km par an (ce qui est bien plus que la moyenne des français), cela représente donc 300 litres de carburant en plus chaque année. Sur 10 ans, cela équivaut à 3 000 litres, soit l'équivalent d'une citerne de fioul domestique utilisée pour chauffer une maison un hiver. Ce chiffre semble important, mais il est ridicule face à l'impact environnemental de la production d'une nouvelle voiture. De plus, en gardant votre auto vous n'aurez que généré du CO2, Nox, particules fines, hydrocarbures, souffre, ammoniac et méthane, sachant que le catalyseur transforme une grande partie de tout ça en substances moins nocives. En fabriquant une nouvelle voiture vous pouvez élargir la liste à des dizaine, voire des centaines de polluants ...
Cela revient aussi à acheter une voiture d'occasion plutôt qu'une neuve, on peut donc renouveler malgré tout sa voiture en limitant au maximum son impact.
A lire : quel est le kilométrage moyen parcouru par les Français en voiture par année ?
L’empreinte carbone de la fabrication d’une voiture ne se limite pas aux seules émissions liées à l’assemblage et à la production des matériaux. Elle englobe un large éventail d’activités en amont et en aval, nécessaires à son élaboration, sa fabrication et sa commercialisation. En amont, il faut inclure l’extraction et le raffinage des matières premières (métaux, plastiques, verre), le transport des composants, ainsi que la consommation énergétique des usines. Les ingénieurs en recherche et développement (R&D) ont eux aussi un impact environnemental à travers leurs besoins primaires (venir au travail, manger, se chauffer etc.) l’utilisation d’outils numériques gourmands en électricité et les prototypes physiques qu’ils conçoivent. En aval, les équipes marketing et commerciales génèrent des émissions en raison de leurs déplacements, de l’organisation d’événements et de la gestion des concessions. À cela s’ajoute l’impact indirect du personnel qui gravite autour de cette industrie : les services de restauration, les entreprises de nettoyage, la maintenance des infrastructures, ou encore les fournisseurs de bureaux et de matériel informatique. Chaque voiture neuve intègre donc, dans son coût environnemental, toute une chaîne de pollutions qui dépasse largement le cadre industriel, illustrant la complexité d’une véritable estimation du CO? émis avant même qu’un véhicule n’ait parcouru son premier kilomètre. La production d'un véhicule neuf représenterait un rejet moyen de 7 tonnes de CO2 (on omet donc ici les milliers d'autres polluants et contraintes sur l'environnement : carrières ,mines etc.), un chiffre probablement très sous-estimé puisqu'il ne prend pas en compte de nombreux éléments annexes liés au cycle de vie du véhicule. Si on arrête ou limitons la production de voiture neuves, toutes ces pollutions s'effondrent d'elles-mêmes ...
Si ne serait-ce que les cycles de renouvellement d'une voiture étaient rallongés (qu'on parle du temps de possession moyen d'une voiture ou encore le temps entre deux générations de modèles, ex : de BMW E90 à F30), l'impact environnemental du secteur automobile serait nettement réduit. Cependant, l'économie moderne repose sur un renouvellement constant des produits, favorisant ainsi une obsolescence psychologique poussant les consommateurs à toujours vouloir le dernier modèle. LA société est en plein paradoxe : elle veut réduire la pollution mais dans un même temps elle fait tout pour que vous deveniez des consommateurs compulsifs qui accélèrent les émissions de polluants ...
Beaucoup s'imaginent que les voitures modernes consomment bien moins que celles des années 2000. C'est vrai sur le papier, grâce aux cycles d'homologation (NEDC, WLTP) qui favorisent artificiellement les modèles récents, mais en usage réel, l'écart est bien plus mince, voire inexistant. Une compacte de 2005 peut afficher des consommations très proches de son équivalent actuel, à condition d'être bien entretenue et conduite normalement. Il est souvent avancé que les voitures modernes consomment moins que celles des générations précédentes. Cette affirmation est partiellement vraie, mais il faut désormais rappeler que les voitures considérée comme vieilles datent des années 2000, une époque où le gros de la technologie moderne était déjà présente. L'amélioration principale repose essentiellement sur l'adoption généralisée de l'injection directe et de la suralimentation, des technologies qui ne sont pas nouvelles et qui existent déjà depuis de nombreuses années (et même décennies maintenant). Ainsi, si l'on compare des modèles bien entretenus datant des années 2000 avec des véhicules modernes, on constate que la réduction de consommation est loin d'être aussi spectaculaire qu'on pourrait le croire. Prenez une Golf 4 TDI de 1999, elle a de quoi faire pâlir n'importe quelle moderne ! Pire, les voitures actuelles sont devenues trop lourdes et le gain en consommation est alors effacé (d'autant plus qu'il faut encore plus d'énergie et de pollution pour fabriquer une voiture plus lourde et plus éqauipée) ...
Ce que l'on oublie souvent, c'est que la fabrication d'une voiture nécessite une quantité massive d'énergie et de ressources.
Voici quelques exemples :
Une voiture neuve ne se limite pas à l'énergie qu'il a fallu dans l'usine de production, cela intègre tout un tas de rivières et de ruisseaux annexes et parallèles qui viennent se jeter dans cet océan de pollution et d'énergie ...
Tous ces éléments font qu'une voiture neuve est loin d'être verte à sa sortie d'usine. Le simple fait de l'acheter implique une dette écologique colossale qu'elle mettra des années à compenser, si tant est qu'elle y parvienne un jour !
Autre point souvent négligé : les véhicules actuels sont bien plus lourds que leurs prédécesseurs. Entre l'ajout de batteries pour les hybrides, la multiplication des écrans et calculateurs électroniques (= terres rares, chimie complexe etc.), les équipements de confort superflus, les normes de sécurité de plus en plus drastiques, le poids moyen des voitures a explosé. Cette inflation entraîne une consommation énergétique accrue, que ce soit en phase de fabrication, de conception ou même de roulage.
À cela s'ajoute la complexité accrue des moteurs modernes, qui nécessitent des matériaux rares et des procédés industriels plus énergivores. Les systèmes de dépollution plus sophistiqués, les systèmes hybrides nécessitant du lithium et du cobalt, tout cela alourdit considérablement l'empreinte écologique des voitures neuves, sans forcément améliorer significativement leur impact global.
Les normes sont en grande partie responsable de cette fuite en avant, et elles sont parfois plus préjudiciables que bénéfiques. Par exemple, certains éléments de sécurité obligatoires modernes imposent des systèmes électroniques lourds et polluants à fabriquer alors qu'ils sont loin d'être vitaux et indispensables (maintient dans la ligne, farinage automatique etc.). Le nombre de morts spectaculairement bas depuis des années montre que cela ne se justifie pas. Ici on sur-pollue pour des choses qui ne serviront presque jamais (pire, ces systèmes rendent fous les conducteurs qui font l'effort de les couper à chaque démarrage ...).
Dernière remarque, les moteurs modernes à injection directe sont ceux qui produisent le plus de pollution toxique : NOx et particules fines ... Les moteurs essences plus datés à injection indirecte consomme un peu plus mais émettent bien moins de substance nocives (si vous êtes un lecteur habituas du site vous le savez déjà car ici on a tendance à parfois beaucoup radoter ! C'est l'âge qui avance que voulez-vous ...).
Remplacer un véhicule ancien par une voiture neuve sous prétexte qu'elle consomme moins est une aberration écologique. Et moi qui suis personnellement à 100% pour l'électrique, je comprends tout à fait les réflexions visant à dire que ce n'est pas en passant à l'électrique qu'on va sauver la planète, cet article justifie. La pollution engendrée par la fabrication d'un véhicule dépasse largement le simple surcoût de carburant d'une voiture ancienne bien entretenue. Si l'on ajoute à cela le poids croissant des modèles modernes et l'utilisation de matériaux toujours plus rares et polluants, il devient évident qu'allonger la durée de vie de son véhicule est souvent la meilleure décision à prendre pour l'environnement.
Plutôt que de suivre aveuglément les discours prônant le renouvellement accéléré du parc automobile, il est plus judicieux de remettre en question cette logique et de privilégier l'entretien et l'optimisation des véhicules existants. Un moteur bien réglé, des pneus adaptés, un entretien rigoureux et une conduite souple permettent de limiter considérablement l'impact environnemental sans pour autant contribuer à la spirale infernale de la surconsommation industrielle. Bien entendu cela dans une certaine limite et en étant un minimum intelligent dans les choix : les véhicule des années 70 et 80 sont par exemple trop obsolètes et dangereux à l'utilisation. En revanche, tous les modèles sortis après les années 2000 sont suffisamment aboutis pour qu'on étire le plus possible leur durée de vie.
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