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Faisant couler beaucoup d'encre, le leasing social est rappelons-le une initiative du gouvernement français visant à rendre les voitures électriques plus accessibles aux foyers modestes. Mais si cette idée semble être des plus bienveillante, vous allez constater que les effets de bords n'ont pas été si insignifiants qu'on ne l'imagine.
Pour bénéficier de ce dispositif, rappelons de nouveau que l'acquéreur doit remplir certaines conditions : être majeur, justifier d'un domicile en France, avoir un revenu fiscal par part inférieur à 15 400 euros, résider à plus de 15 km de son lieu de travail, utiliser sa voiture personnelle pour s’y rendre et effectuer plus de 8 000 km par an dans le cadre de son activité professionnelle. Les véhicules éligibles doivent avoir un prix de vente inférieur ou égal à 47 000 euros, une masse ne dépassant pas 2,4 tonnes, et atteindre un score environnemental minimal (condition du bonus 2024). Bien que cette initiative soit louable en théorie, elle a engendré des conséquences significatives pour les concessions, les contribuables, l'État et le marché automobile.
Les concessions automobiles se retrouvent en première ligne des impacts financiers du leasing social. En effet, elles ont dû avancer les aides versées par l’État, atteignant parfois jusqu'à 13 000 euros par dossier. Avec 50 000 dossiers validés, ce qui est le double des prévisions initiales, les concessions sont confrontées à un manque à gagner considérable en raison des retards de remboursement (ce qui est moins le cas des marques donc). Cette situation délicate met en péril leur santé financière, certaines devant même contracter des prêts exceptionnels auprès des banques pour pallier le déficit temporaire, augmentant ainsi leurs coûts. Selon Xavier Horent, délégué général de Mobilians, l'État doit plus de 320 millions d'euros aux concessions, incluant les bonus écologiques et les aides au leasing social.
Le coût du leasing social pour les contribuables est colossal : avec 13 000 euros par dossier et un total de 50 000 dossiers, l'impact financier atteint 650 millions d'euros. Cette dépense alourdit une dette publique déjà considérable, exacerbant les tensions entre les différentes classes sociales. Le dispositif, bien qu'utile pour certains, tend à laisser de côté la classe moyenne, qui en aurait également besoin. La gestion de cette dette ressemble à celle d'un surendetté espérant une future annulation par un tribunal, une approche qui pourrait s'avérer imprudente à long terme.
Le leasing social a également perturbé les économies liées au marché automobile. De nombreuses campagnes publicitaires ont par exemple été gelées, surtout pour les constructeurs dont les véhicules n’entraient pas dans les critères d’éligibilité (pour eux se tramait des semaines de vache maigre). Rappelons que les marques ne pourront plus faire de publicité pour les voitures thermiques émettant plus de 123 g de CO2 à partir de 2028, cela aurait donc été d'autant plus impactant dans ce contexte. Cette situation a déstabilisé le marché, affectant les budgets publicitaires et les revenus des médias automobiles. De janvier à avril 2024, avec une hausse des immatriculations de voitures électriques de 28.2%, le leasing social a représenté une part significative de cette croissance, entre 6 000 et 8 000 unités en mars 2024. Sans le leasing social, les ventes auraient été bien inférieures, selon le syndicat Mobilians.
Les constructeurs automobiles ont dû adapter leur offre en réponse au leasing social. Des marques comme Peugeot, Citroën et Renault ont vu une augmentation significative de la demande pour leurs véhicules éligibles au leasing social. Par exemple, chez Citroën, 84 % des voitures éligibles au leasing social ont été choisies via cette formule pendant cette période, contre un peu moins de 15% (leasing "classique") en mars 2023. Le leasing social a donc fortement influencé les stratégies commerciales des constructeurs, favorisant les offres de location longue durée (LLD) et de location avec option d'achat (LOA). De là à imaginer que ce dispositif ait aidé les petits copains (marques françaises) à écouler des stocks de voitures électriques qu'ils avaient sur les bras, il n'y a qu'un pas. Les politiques et industriels sont souvent comme cul et chemise (les pointes des différentes "pyramides" convergent).
Le leasing social, bien qu'il ait permis à des foyers modestes d'accéder à des véhicules électriques, peut aussi entraîner un risque accru pour ces bénéficiaires. En effet, même si les mensualités sont réduites grâce aux aides de l'État, les personnes à faibles revenus peuvent se retrouver en difficulté financière si leur situation économique se dégrade, par exemple en cas de perte d'emploi ou de dépenses imprévues. De plus, les frais liés à l'entretien et à l'assurance d'un véhicule électrique peuvent représenter une charge supplémentaire non négligeable (et surtout évolutive concernant les assurances).
Bien que le leasing social ait permis à de nombreux foyers modestes d'accéder à la mobilité électrique, son impact économique sur les concessions, les contribuables et le marché automobile est indéniable. Le dispositif, qui n'a été que temporaire en raison de son succès, a mis en lumière des dysfonctionnements structurels et des retards administratifs qui pèsent lourdement sur les finances publiques et privées. À l'avenir, il sera crucial pour l'État de mieux gérer ces initiatives afin d'éviter de diviser davantage les Français et de compromettre la viabilité financière du pays et des entreprises qui ont du.
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