La beauté d’un moteur ne se mesure pas qu’à ses chiffres de puissance ou à son couple maximal. Parfois, une simple montée en régime suffit à te coller des frissons pour la journée entière. Voici donc une liste totalement subjective des moteurs thermiques qui, à mon sens, ont offert les plus belles vocalises jamais entendues sur une voiture de série.
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Voilà une lignée qui mérite le respect. Ce V8 atmosphérique, que j'estime devenir hypnotique à partir de la 355, a poursuivi sa montée en puissance jusqu’à la 458 Italia. À chaque génération, on retrouve la même magie mais avec à chaque fois une nouvelle nuance et un nouveau timbre de voix tout en ayant l'ADN Ferrari préservé. Un moteur léger (aluminium) qui prend ses tours à la vitesse d’un électrocardiogramme après trois espressos. Et surtout, une inertie moteur incroyablement faible, ce qui donne cette sensation unique de moteur de course. On donne un coup de gaz à l’arrêt, le régime grimpe, puis retombe en une fraction de seconde. Et c’est là qu’on se rend compte de tout ce qu’on a perdu avec les moteurs turbo modernes, souvent plombés par des volants moteurs lourds, des arbres d'équilibrage ou des échappements trop contraignants. Ayant possédé une Modena pendant 6 ans, j'ai été comblé par ce type de V8 comme une femme qui arriverait à la fois être une mère fantastique doublée d'une maitresse aux petits soins une fois le soleil couché ... Car si l'auto avait plein de pépins divers et variés, le moteur n'a quant à lui jamais bronché. Avec ses multiples vocalises (largement aidées par un échappement d'origine qui a été mis au rebus), son inertie digne d'une plume et sa brutalité, j'en garde des souvenirs très érotiques encore aujourd'hui (surtout que je suis passé à deux Tesla, faudrait que j'en parle à mon psy).
Tant qu'à faire, autant mettre mon ancienne titine pour illustrer (toute une famille de titines qui ne sont plus là d'ailleurs ...)
Techniquement, on parle d’un V8 à 90°, à plat, de 3.5 à 4.5 litres selon les versions, avec des puissances de plus en plus stratosphériques et des zones rouges qui flirtent avec les 9000 tr/min (notamment sur la 458 qui a elle aussi besoin d'être libérée en se débarrassant de l'échappement d'origine). Le couple, autour des 450 Nm, n’a jamais été démentiel (atmo ..), mais peu importe : c’est la manière dont il s’exprime qui compte.
La vidéo est vieille et l'image est nulle, mais le son ...
Depuis, Ferrari a glissé vers le V8 turbo, puis le V6 turbo. Autant dire que la magie est partie avec (le V6 est impardonnable, surtout que la marque avait encore du temps pour faire la transition). Heureusement, le V12 reste dans la gamme pour nous rappeler ce qu’est un vrai moteur, et bientôt Ferrari ne sera plus que l'ombre d'elle-même, qu'elle profite encore de ces quelques années à vendre des autos à la pelle.
Le V12 Ferrari a toujours été noble, mais c’est à partir de la F12 Berlinetta qu’il devient véritablement céleste (et juste après sur la Laferrari). Là, Ferrari semble avoir trouvé le bon compromis entre technicité et mise en scène sonore. La cylindrée de 6.3 L, l’architecture en V à 65°, la distribution variable et les échappements bien plus libérés qu’avant permettent au bloc de hurler jusqu’à 8700 tr/min, avec un crescendo sonore qui évoque les meilleurs souvenirs de la F1 atmosphérique.
Sur les versions plus sages comme la FF ou le Purosangue, c’est encore là, mais un peu retenu en raison d'un échappement qui éteint beaucoup les choses (même si on cherche ici la polyvalence, les valves auraient pu être un peu plus généreuses en s'ouvrant, mais c'est sans doute pour justifier des tarifs bien plus élevés sur les autres versions qui profitent aussi de ce V12 mais avec bien plus de bruit). Le V12 reste donc aujourd'hui le dernier bastion sonore de Maranello.
La GT3, c’est un peu le pinacle du savoir-faire Porsche en matière de Flat-6. Si la base reste un 6 cylindres à plat comme sur les 911 classiques (d'avant 2016 et l'apparition du turbo..), le moteur des GT3 est entièrement retravaillé pour incarner l’apothéose de cette architecture. Il s’agit d’un flat-6 4.0 litres (ou 3.8 sur les générations antérieures), capable de grimper jusqu’à 9000 tr/min sur les dernières itérations, avec une sonorité métallique et tendue qui devient carrément addictive en haut de la plage. Pour ma part il n'y a plus rien d'autre d'aussi génial à se mettre sous la dent chez Porsche, tout le reste est ennuyeux : GT2 RS, TUrbo, Carrera, GTS ... Du turbo partout
Pour atteindre de tels régimes, Porsche a sorti l’artillerie lourde : bielle en titane, pistons allégés, arbre à cames spécifique, soupapes plus résistantes, équilibrage interne aux petits oignons et un système d’admission variable qui optimise la respiration à tous les étages. Tout est pensé pour un usage extrême, que ce soit sur route ou sur piste. La lubrification est aussi assurée par un système de carter sec, gage de fiabilité en appui prolongé.
C’est tout simplement le dernier grand moteur atmosphérique chez Porsche. Celui qui résiste encore à la suralimentation, à l’électrification, et à l’uniformisation sonore. Une vraie machine à frissons, taillée pour les passionnés.
Quand Lexus a voulu créer une supercar ils ne se sont pas contentés de copier, ils ont rivalisé avec les meilleures de ce monde, pour ne pas dire les dépasser tous ... Ce V10 4.8 litres monté à 72° est ultra-léger (grâce à un bloc en alu et magnésium) et peut grimper à 9400 tr/min dans une sonorité stratosphérique. Le bruit ? Une sorte de F1 qui rappelle plus les vocalises d'une Ferrari que celle d'une Lexus (d'ailleurs, en fermant les yeux on pourrait croire entendre une Ferrari). Tellement aigu et propre que Lexus a a réussi à laisser une trace indélébile malgré que le modèle n'ait pas vraiment été un très gros succès, qu'il soit commercial ou affectif. Seul regret : une ligne pas très flatteuse. Une auto qui chante comme Callas mais qui s’habille chez Go Sport. Dommage.
Porsche n’a jamais été un grand adepte du V10. C’est d’ailleurs le seul modèle routier de la marque à en avoir reçu un, ce qui en fait une rareté absolue dans l’histoire du constructeur. Le V10 5.7 litres atmosphérique de la Carrera GT est à lui seul une une icône, au delà même du modèle qui est avouons-le, ultra désirable et intemporel. Issu à l’origine d’un projet avorté pour les 24 Heures du Mans, ce moteur est aussi noble dans sa conception que brutal dans son tempérament. Il grimpe jusqu’à 8400 tr/min, avec une sonorité qui rappelle comme avec la LFA la F1 (mentions pour les sorties d'échappement qui sont particulièrement originales). Un concert mécanique qui a eu de quoi impressionner Ferrari ou Lamborghini sur leurs modèles les plus ambitieux. Porsche n'a jamais réussi à refaire l'exploit même avec la 918 ...
Dans les années 2000, le V10 était à la mode : BMW M5 E60, Audi RS6 C6, Lexus LFA, Dodge Viper, et même Volkswagen Touareg V10 TDI (si, si). Tout le monde voulait son V10, mais celui de la Carrera GT reste à part. Par son origine, par son caractère, et surtout parce qu’il est associé à une boîte manuelle, sans filet (à cette époque on était sur des boîtes simple embrayage, c'était donc un peu moins grave. Mais avouons qu'avec une PDK le tout aurait été PARFAIT). C’est un moteur pour puristes posé dans une voiture sans compromis qui te rappelle que la vraie performance c’est aussi de savoir transmettre une émotion brute.
Les V6 ne sont pas les mécaniques les plus rares et extravagantes avouons-le. Mais celui de la GT-R c’est un peu l’exception qui confirme la règle. Un 3.8 litres biturbo qui envoie plus de 600 chevaux sur les versions les plus récentes, avec un son rauque et métallique étonnamment noble. Ca glougliute à bas régime comme si on avait affaire à un W16 ! Il faut dire que l’échappement est très libéré, avec une sortie qui se révèle être d'une grosseur rare même sur les hypercars (un tube dans lequel vous pourrez presque vous servir de coffre tellement il est vaste). Petite anecdote personnelle au passage, le moteur semble tourner très riche : en pleine charge, il crache souvent une belle fumée grise, preuve que le mélange est bien gras. Un détail que principalement les passionnés auront remarqué.
L’Aventador a remis le V12 Lamborghini au centre du jeu. Un 6.5 litres atmosphérique, avec une zone rouge perchée à 8500 tr/min, un calage variable et une admission qui s’ouvre violemment à haut régime. Ça hurle, ça vibre, ça cogne. Ce moteur n’est pas raffiné, il est théâtral, baroque, excessif. Et c’est ça qui le rend inoubliable. Rarement on aurai atteint une sonorité aussi aigue ...
On l’a retrouvé dans plein de modèles : SV, SVJ, Centenario, Sián, Countach (version moderne), Revuelto (Lambo aime décliner mille fois un seul et même modèle, histoire d'arriver à le vendre plusieurs fois à un même pigeon)… Mais c’est chaque fois un bonheur à réentendre.
Le V10 5.2 litres atmosphérique des Audi R8 et Lamborghini Gallardo / Huracán est peut-être le plus beau moteur jamais conçu par le groupe VW (sur l'Huracan il atteint la perfection, l'échappement étant plus libéré que sur la R8). Il est capable de monter très haut dans les tours, tout en conservant un timbre à la fois agressif et mélodique. C’est un V10 à 90°, avec double injection directe et indirecte et une belle allonge jusqu’à 8700 tr/min.
Ce moteur a mis une claque à Ferrari après 2015, depuis que Maranello a basculé dans le turbo.
Malheureusement, le V10 a tiré sa révérence. Remplacé par un V8 turbo dans la Temerario, qui nous laisse orphelins car cette dernière itération est franchement fadasse.
Je ne pensais pas inclure un moteur à 5 cylindres dans une telle liste. Et pourtant, le 2.5 TFSI Audi, qu’on retrouve dans les RS3 et TT RS, a une sonorité incroyable. C’est grave, métallique, vivant. Et quand l’échappement n’est pas trop filtré, ça devient carrément jouissif. Le pire ? Ce "petit" 5 cylindres met la misère au V6 TFSI des RS4 et RS5, pourtant plus gros et censés être "au-dessus". Même mieux, il arrive presque à égaler le V10 du groupe, avec une sonorité extrêmement proche (la légende dit que le V10 est constitué de deux L5 2.5 TFSI, il est toutefois difficile d'affirmer totalement qu'un moteur en V est la somme de deux moteur en L, bien qu'en tirant un peu le trait c'est un peu ça ...).
Comme quoi, le plaisir ne se compte pas forcément en cylindres, même si en dessous de 5 il n'y a plus rien à espérer en terme de frissons. On aurait pu quand même citer le Boxer de Subaru ou encore le L4 de la S2000 mais je vais ma la jouer snob et les exclure ;-) Et j'oublie aussi le VR6 et certainement d'autres moulins que je vous invite à citer dans les commentaires (un 2.5 TDS pourrait même être admis ... Car certains diesels chantent plutôt pas mal du tout si on est un tant soit peu ouvert)..
Un moteur développé pour une seule génération de M5. Qui fait ça aujourd’hui ? Personne. Mais BMW l’a fait. Le V10 5.0 litres atmosphérique de la E60 est un bijou. Puissant (plus de 500 chevaux), rageur, et surtout unique. Sa sonorité est un mélange de gravité à bas régime et de hurlement strident à haut régime. Un moteur de Formule 1 pour papa pressé.
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