On parle souvent de la vitesse qui tue et c'est vrai, car c’est uniquement la décélération qui est létale pour un être humain au volant d'une voiture. Une voiture peut rouler à 200 km/h sans que ça ne pose problème (l'autobahn est là pour le prouver, mais si elle s’arrête en 0,2 seconde (même sans l'endommager, disons avec un aimant répulsif géant pour notre cas imaginaire) ça devient tout de suite plus embêtant pour les organismes vivants. Alors, jusqu’à combien peut-on encaisser avant de finir au cimetière ? Essayons d’y voir plus clair sans tomber dans les simplifications qu’on lit trop souvent.
Premier point à bien comprendre : ce n’est pas juste le chiffre en G qui compte, mais aussi le temps pendant lequel cette force s’exerce. Un choc très violent mais ultra bref pourra être encaissé sans que le corps ait le temps de tout casser à l’intérieur. À l’inverse, une force plus modérée mais qui dure une ou deux secondes peut être bien plus destructrice.
En gros, ce n’est pas tant la claque qui fait mal que la façon dont elle s’étale dans le temps. Un peu comme les spectacles qui visent à rouler sur le ventre d'un homme avec un camion, si il passe rapidement ça va, mais si il s'arrête sur son abdomen rien ne va plus ...
D’après les tests réalisés (pas toujours très éthiques d’ailleurs…) sur des pilotes d’essai ou des mannequins bardés de capteurs, un humain en bonne forme (autre détail important) peut survivre à une décélération de 45 à 50 G si celle-ci ne dure qu’une fraction de seconde. Rappelons aussi rapidement qu'il n'y a absolument aucune différence entre une décélération et une accélération, c'est strictement la même chose même si dans l'esprit ce n'est pas intuitif. Idem pour la gravité, être plaqué au sol revient à être accéléré en continu à 1G, et donc vous accélérez de manière continuelle (même si vous semblez ne pas bouger) rien que le fait de vivre sur terre ... Et finalement, accélérer avec une voiture très performante consiste simplement à transférer la gravité du bas (les pieds) vers l'arrière (le dos), et donc il n'y a aucun risque pour une femme enceinte de monter dans une Porsche car rares sont les autos qui dépassent 1G en accélération longitudinale (arrêtons ici les digressions).
Pour donner une idée :
Ça commence à piquer sérieusement, et à ce niveau, tout se joue sur les harnais, la position du corps, et le fait que les organes internes soient bien calés (ce qui n’est quasiment jamais le cas). Car ce sont eux qui continuent leur course à l’intérieur de vous quand le squelette s’arrête net.
La réponse finale dépend de plusieurs facteurs : durée du choc, orientation de la force, partie du corps sollicitée, répartition de la contrainte, état de santé du sujet, etc. Le rapport de l’ONSER fournit plusieurs repères chiffrés utiles.
Le colonel John Stapp, célèbre pour ses tests extrêmes, a subi jusqu’à 50 g pendant 0.25 seconde sans dommage, mais à condition d’avoir un système de retenue adapté et des points d’appui solides (dos, hanches, épaules).
50G pendant 0.25 s est donc souvent cité comme limite supérieure tolérable dans des conditions optimales (position assise, ceintures, siège adapté).
Certains risquent toutefois de tiquer en lisant deux infos qui, à première vue, semblent se contredire : d’un côté on dit qu’un corps stoppé à 100 km/h en 0,06 seconde subit une décélération de 50 G (et ça paraît déjà énorme), et de l’autre on apprend qu’un humain peut survivre à 50 G pendant 0.25 seconde. Mais en réalité il n’y a pas contradiction, juste un malentendu entre calcul théorique et réalité physiologique.
Dans l a première équation indiquée la décélération est constante, en mode brut et linéaire : on va de 100 à 0 en 0,057 seconde pile, à 50 g tout du long. Or dans la vraie vie, et dans tous les tests effectués (comme ceux de John Stapp), la décélération monte progressivement, atteint un pic, puis redescend. En gros le corps n’encaisse pas 50 g pendant 0.25 s d’affilée, il encaisse une courbe en cloche avec un pic à 50 g quelque part au milieu.
Donc oui, on peut survivre à une décélération qui atteint brièvement 50 g, tant que ça ne dure pas trop longtemps, que la contrainte est bien répartie et que le corps est bien maintenu. Les expériences les plus poussées suggèrent qu’au-delà de 80 G sur une durée supérieure à 20 ms (0.02 s), on commence à risquer des lésions internes par effets hydrauliques (déplacement brutal des liquides corporels). Ce qui compte, ce n’est pas juste le chiffre en G mais la manière dont cette force est appliquée dans le temps et sur le corps. Un peu comme un marteau : la même énergie répartie doucement sur la main ou concentrée d’un coup sur un doigt, ça ne donne pas du tout le même résultat.
Certains cas célèbres ont vu des humains survivre à plus de 100 G, notamment dans des accidents d’avion ou des crashs de F1. Le record (non officiel) tourne autour des 200 G encaissés sur quelques millisecondes. Mais ce sont des situations très atypiques avec des équipements conçus pour absorber une partie de l’énergie et des corps ultra-entraînés à encaisser ce genre de violence (pilotes de chasse, astronautes, etc.).
Mais pour un conducteur lambda dans une voiture moderne, au-delà de 50 G, les chances de survie chutent en flèche. Et même si on survit, les séquelles peuvent être lourdes : fracture de colonne, décollement de rétine, hématomes internes, etc.
À partir d’un certain seuil c’est tout simplement le corps lui-même qui devient fragile. Les artères peuvent se rompre, les vertèbres s’écrasent et le cerveau tape contre la boîte crânienne (c'est pour ça qu'il ne faut jamais secouer un bébé, son cerveau plus petit peut se balader d'autant plus dans la boîte crânienne qui a davantage de liquide autour de ce dernier en proportion)… et c’est souvent l’hémorragie interne ou le traumatisme crânien qui met fin à la partie.
Même avec les meilleures ceintures et airbags le risque est avant tout lié à la façon dont le corps se déforme de l’intérieur.
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