Marques qui se prêtent des moteurs : cas concrets
Le développement d'un moteur thermique représente est entreprise extrêmement coûteuse en raison de la complexité de ce type de groupe motopropulseur (une remarque d'autant plus pertinente à l'ère de l'électrique), avec des estimations variant entre plusieurs centaines de millions à plus d'un milliard d'euros. Cela pousse donc de nombreux constructeurs à se tourner vers des partenariats pour le développement ou le prêt de moteurs.
Les raisons derrière cette pratique sont multiples :
- Réduction des coûts : Développer un moteur en interne demande un investissement massif en recherche et développement. Sous-traiter cet élément permet de réaliser des économies substantielles, même si cela réduit les marges potentielles.
- Entrée sur de nouveaux marchés : Lorsqu'une marque souhaite pénétrer un marché où le potentiel commercial est incertain, il est plus prudent de louer un moteur plutôt que de risquer un investissement à perte.
- Élargissement de la gamme de moteurs : Pour diversifier l'offre de motorisations d'un modèle, il est souvent plus rentable de s'associer à un partenaire, surtout lorsque les volumes de vente prévus sont limités.
A lire aussi : les modèles qui partagent leur châssis et plateforme
Exemples de partenariats de moteurs en Europe
N'hésitez pas à suggérer des exemples qui auraient été omis, merci à tous !
SsangYong : un coeur de Mercedes ?
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Commençons cette liste par le lien entre Mercedes-Benz et SsangYong. Mercedes a prêté son moteur 270 CDI, un noble diesel cinq cylindres de 2.7 litres développant 163/170 chevaux (selon version / cartographie), à SsangYong pour ses modèles Rexton et Kyron. Ce moteur, reconnu pour sa robustesse et son couple élevé, a permis à SsangYong d'améliorer l'attractivité de ses SUV sur le marché européen même si peu de gens ont semble-t-il compris que ce véhicule lowcost avait un moteur loin d'être aussi roturier qu'imaginé, car le 2.7 litres Mercedes est une belle pièce (même si c'est un mazout). Hélas, cela n'a pas vraiment porté ses fruits et SsangYong a bien fait de sous-traiter ...
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Mercedes à Aston Martin
Mercedes-Benz et Aston Martin ont également entretenu une relation de partage de moteurs, avec Mercedes prêtant son V8 biturbo de 3.9 litres à Aston Martin. Ce moteur, développant entre 503 et 630 chevaux selon les configurations, a été utilisé dans les Vantage et DB11, offrant une fiabilité éprouvée que ne pouvais espérer la marque anglaise en étant seule (surtout qu'elle a une réputation à essuyer, le fait d'avoir un moteur Mercedes rassure donc les clients).
Mercedes-Benz à Infiniti
Mercedes-Benz a prêté ses moteurs à Infiniti, la marque de luxe de Nissan. Par exemple, le moteur quatre cylindres turbo de 2,0 litres de Mercedes a été utilisé dans l'Infiniti Q50 et l'Infiniti QX30. Cette collaboration permet à Infiniti de bénéficier de la technologie avancée de Mercedes-Benz.
Renault à Mercedes
Un autre exemple pertinent est celui de Renault qui prête ses moteurs à Mercedes-Benz. Renault a fourni le diesel 1.5 dCI à Mercedes pour équiper ses petits modèles à moteur transversal comme les Classe A et B par exemple. De plus, le moteur essence 1.3 TCE de Renault, développant entre 115 et 160 chevaux selon les versions, a été utilisé sur les mêmes modèles (+ GLA, CLA, GLB ... Tpout ce qui reprend la carcasse à moteur transversal), permettant à Mercedes d'offrir une gamme plus variée de motorisations (vers la bas donc ..).
J'aurais pu me faire plus discret dans le reflet, veuillez m'excuser mais la concentration sur le cadrage a été plus forte ..
Un 1332 cm3 peut à la fois être appelé 1.3 comme 1.4, et en plus ça permet de brouiller les cartes !
Renault à Smart
Renault a prêté le moteur 0.9 TCE à Smart (=Mercedes), permettant à Smart d'équiper ses modèles Forfour et Fortwo de ce petit moteur turbo essence. Ce moteur de 90 chevaux, compact et économique, est parfaitement adapté aux "nano" citadines. La petite marque n'avait en effet pas les épaules financières pour assumer seule le coût de moteurs thermiques développés en interne, et c'est donc Mercedes qui s'est occupé de remplir le berceau moteur grâce à son carnet d'adresse solide (car la marque à l'étoile n'avait pas de micro moteurs de ce genre à installer.
Renault à Nissan
Renault prête également des moteurs à Nissan, notamment le moteur TCE. Par exemple, le Nissan Qashqai et la Nissan Micra (des Renault Rebadgées sur base de Kadjar et Clio, bien qu'on puisse plutôt estimer le Kadjar comme étant une base de Qashqai 1 ...) ont tous deux bénéficié des moteurs TCE de Renault, comme le 1.2 TCE de 115 chevaux et le plus récent 1.3 TCE. Ces petits moteurs turbo essence, ont permis à Nissan de renforcer sa compétitivité sur le marché européen grâce à des moteurs plus adaptés (car Nissan c'est surtout de gros moteurs aux USA).
Nissan à Renault
Nissan a également prêté des moteurs à Renault, notamment le moteur 1.6 atmosphérique utilisé dans les hybrides E-Tech de Renault, comme la Clio E-Tech et la Captur E-Tech. Ce moteur essence atmosphérique de 96 chevaux a été intégré dans le système hybride de Renault, offrant une motorisation fiable qui compense un peu la relative fragilité de l'E-Tech. De plus, des moteurs V6 essence de Nissan ont été utilisés dans les Renault des années 2000, comme la Renault Vel Satis et la Renault Espace, le but étant de pouvoir proposer des déclinaisons plus haut de gamme pour concurrencer les Allemands et leurs gros moteurs (ça permet aussi de crédibiliser un modèle quand on le place sur le segment des voitures premium, ce qu'avaient bien besoin les Vel Satis et Avant Time qui avaient un look un peu à la ramasse).
Plus précisément, Nissan a prêté des moteurs V6 à Renault. Notamment, le moteur V6 essence Nissan VQ35DE de 3.5 litres, a été utilisé dans des modèles Renault tels que la Vel Satis et l'Espace entre 2001 et 2009. Ce moteur est reconnu pour sa performance et sa fiabilité, offrant une puissance comprise entre 240 et 280 chevaux selon les versions. De plus, le moteur V6 diesel V9X, développé conjointement par l'alliance Renault-Nissan, a été utilisé dans des véhicules comme le Renault Laguna III et le Renault Latitude. Ce moteur turbo-diesel de 3,0 litres produit environ 231 chevaux et 550 Nm de couple, et a également été installé dans des modèles Nissan et Infiniti.
Fiat à Suzuki
Fiat a partagé son moteur diesel 1.3 MultiJet (JTD) avec Suzuki, utilisé dans des modèles comme la Fiat 500 et la Suzuki Swift.
Ford à Mazda
Ford a partagé ses moteurs avec Mazda, notamment le moteur 2.3 litres Duratec, utilisé dans des modèles comme la Ford Focus et la Mazda 3. Ce bloc a bien entendu été davantage prévu pour l'Amérique du nord ...
Mazda à Fiat
Un autre exemple notable est le partenariat entre Fiat et Mazda pour la Fiat 124 Spider. Cette voiture utilise le moteur 1.4 MultiAir Turbo de Fiat, alors que le châssis et de nombreuses autres composantes sont empruntés à la Mazda MX-5. Ce partenariat a permis à Fiat de créer une voiture sportive avec des coûts de développement réduits en utilisant une base éprouvée de Mazda.
"PSA" (Stellantis) Peugeot / Citroën à Jaguar
Du côté de PSA (Peugeot-Citroën) et Jaguar, PSA a prêté ses moteurs diesel 2.7 HDI et 3.0 HDI. Le moteur 2.7 HDI, un V6 diesel de 204 chevaux, et le 3.0 HDI, un V6 diesel de 241 chevaux, ont été utilisés dans des modèles Jaguar comme la S-Type et la XF. Ces moteurs ont contribué à améliorer les performances et l'efficacité des véhicules Jaguar, leur permettant de rivaliser avec d'autres marques premium.
"PSA" (Stellantis) Peugeot / Citroën à Ford
PSA et Ford ont collaboré sur plusieurs moteurs diesel, dont les 1.5 HDI, 1.6 HD er 2.0 HDI rebadgés en TDCI. Le moteur 1.6 TDCI, un quatre cylindres de 115 chevaux, a été utilisé dans des modèles Ford comme la Focus et la Fiesta, offrant une bonne combinaison de puissance et d'économie de carburant. Le 1.5 HDI, quant à lui est l'évolution mineure du 1.6 ... Quant au 2.0 HDI, il s'est fait plus rare avec les années ...
"PSA" (Stellantis) Peugeot / Citroën à Volvo
PSA a aussi prêté des moteurs à Volvo, comme le 1.6 HDI, qui a été utilisé dans la Volvo V40. Ce moteur a permis à Volvo d'avoir un petit moteur pour son modèle de petite taille placé transversalement : la V40 (qui a aussi une base châssis piquée à Ford, la Focus).
"PSA" (Stellantis) Peugeot / Citroën à Mini
Enfin, PSA a prêté les moteurs 1.6 THP et 1.6 HDI à Mini. Le 1.6 THP, un moteur essence turbo de 150 à 200 chevaux, et le 1.6 HDI, un diesel efficace, ont été utilisés dans des modèles Mini comme la Cooper et la Countryman. Ces moteurs ont permis à Mini de proposer des variantes performantes et économes en carburant, élargissant ainsi leur gamme de produits. Surtout que dans les années 2000 et 2010 le diesel était la star dans beaucoup de pays européens (surtout chez nous donc).
Mitsubishi à Volvo
Volvo a utilisé des moteurs Mitsubishi dans certains de ses modèles. Un exemple notable est la Volvo S40/V40 de première génération où on retrouve notamment le moteur essence 1.8 litre à injection directe d'origine Mitsubishi. En dehors des voitures particulières, Volvo a également utilisé des moteurs Mitsubishi pour certains de ses équipements de construction et moteurs marins. Par exemple, des moteurs diesel Mitsubishi sont utilisés dans plusieurs modèles de pelles excavatrices
Toyota à Suzuki
Dans le domaine des moteurs hybrides, Toyota a prêté ses technologies à Suzuki (et même au delà puisqu'il existe des Toyota rebadgées Suzuki !). Les modèles Suzuki Across et Swace sont équipés des systèmes hybrides Toyota, offrant une combinaison de moteur essence et électrique qui améliore l'efficacité énergétique et réduit les émissions, répondant ainsi aux normes environnementales strictes en Europe.
Toyota à Ford
Toyota a prêté sa technologie hybride HSD à Ford. En 2004, Toyota et Ford ont conclu un accord de licence permettant à Ford d'utiliser certaines technologies hybrides de Toyota brevetées. Ca a d'ailleurs donné lieu au premier SUV full hybride du marché (l'Escape).
Subaru à Toyota
Subaru (issu de la BRZ) a fourni des moteurs à Toyota pour la Toyota GT86. Ces modèles partagent un moteur boxer de 2.0 litres, développé conjointement par les deux marques.
BMW à Opel
BMW a prêté des moteurs à Opel, notamment pour le modèle Opel Omega B. L'Opel Omega B a été équipée du moteur diesel BMW M51, un six cylindres en ligne de 2,5 litres, utilisé dans les années 1990. Ce moteur, qui développait environ 130 chevaux, a remplacé les anciens moteurs diesel d'Opel. En outre, le modèle Omega a également bénéficié du moteur BMW M57 de 2,5 litres, utilisé notamment dans les versions ultérieures avec une puissance augmentée à 150 chevaux et équipée d'un système d'injection "common rail" pour une meilleure efficacité générale (agrément et consommation).
Ferrari à Lancia
La Lancia Stratos HF, une légende des rallyes des années 1970, est propulsée par un moteur V6 de 2,4 litres provenant de la Ferrari Dino 246. Ce moteur a été crucial pour les performances de la Stratos, qui a remporté plusieurs championnats du monde des rallyes. Dans les années 1980, la Lancia Thema 8.32 était équipée d'un moteur V8 de 2,9 litres dérivé de Ferrari. Ce moteur fournissait environ 215 chevaux. Dans le domaine des courses d'endurance, la Lancia LC2, utilisée dans le championnat du monde des voitures de sport dans les années 1980, était équipée d'un moteur V8 turbo développé par Ferrari. Ce moteur de 3,0 litres pouvait produire jusqu'à 840 chevaux?.
Ferrari à Alfa Romeo
Le V8 suralimenté a servi de base pour le moteur de la Giulia (et Stelvio) Quadrifoglio. La différence ici est que deux cylindres ont été ôtés pour aboutir à un V6 plus raisonnable (510 ch quand même).
Electrique ?
Les cas sont encore assez rares mais on peut déjà commencer à citer quelques exemples, bien que le partage induise aussi généralement aussi le châssis, et donc la voiture toute entière ..
Pour illustrer ça, on peut penser à Volkswagen qui au delà de décliner sa plateforme MEB sous toutes les marques de son groupe, est allé jusqu'à prêter les moteurs et châssis à Ford, ce qui a donné lieu aux Explorer et Capri.
Développements communautaires de moteurs
Certaines collaborations vont au-delà du simple prêt de moteurs, impliquant un développement conjoint, permettant à plusieurs marques de bénéficier d'une technologie commune tout en partageant les coûts de développement. Mais c'est une catégorie moins intéressante car ce sont des évidences qui sautent aux yeux... En effet, un groupe de marque va forcément utiliser les mêmes mécaniques entre les différents modèles.
Le 1.2 Puretech de PSA est un exemple, utilisé dans divers modèles de DS, Citroën, Peugeot, mais aussi de Fiat (600), Alfa Romeo (Junior) et Opel.
Dans le groupe Volkswagen, les moteurs TSI et TDI sont partagés entre plusieurs marques, comme Audi, Seat, Cupra, Volkswagen et Skoda.
Enfin, les moteurs partagés entre Land Rover et Jaguar, qui appartiennent au même groupe, illustrent cette stratégie. Des moteurs comme le 2.0 Ingenium, un quatre cylindres essence et diesel, sont utilisés dans des modèles comme le Range Rover Evoque et la Jaguar F-Pace, offrant une flexibilité et une économie d'échelle significatives.
De plus, le groupe Kia/Hyundai partage également ses moteurs entre ses différentes marques. Par exemple, le moteur 1.6 T-GDI, un moteur turbo essence, est utilisé dans des modèles tels que la Kia Ceed, la Hyundai i30 et même la Kia Sportage. Cette stratégie permet au groupe de maximiser l'efficacité de la production et de réduire les coûts de développement.
Le partenariat entre Renault et Nissan est également un exemple notable de développement commun de moteurs.
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